Dans leur déclaration commune, les six organisations patronales et la Centrale syndicale ne mettent pas de gants pour accuser le Premier ministre d'avoir entaché le dialogue initié par le chef de l'Etat. C'est fort du soutien de plusieurs organisations patronales signataires du Pacte national économique et social de croissance et de l'UGTA, que le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Ali Haddad, a décidé de répliquer, à sa manière, au Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, qui, trois jours auparavant l'avait invité, par personnes interposées, à quitter l'Institut supérieur de la Sécurité sociale de Ben Aknoun, où le dernier cité devait présider la cérémonie inaugurale de l'établissement. Le patron du groupe ETRHB s'est donc entouré d'Abdelmadjid Sidi-Saïd, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), et des représentants de six organisations patronales, le CNPA, la Cipa, la Cap, l'Uni, la CGP-BTPH et l'Agea, en l'occurrence, pour organiser la riposte contre le "traitement réservé" à Ali Haddad par M. Tebboune, samedi dernier. Alors que tous les "invités" étaient déjà là depuis 10h 30, le patron du FCE, et néanmoins P-DG du groupe ETRHB Haddad, n'est arrivé, à l'hôtel El-Aurassi d'Alger, qu'aux environs de 11h 20. Visiblement détendu, M. Haddad affichait une bonne mine et n'avait guère l'air inquiet au sujet de la pluie de mises en demeure envoyées à son groupe par le ministère des Travaux publics et des Transports et sur lesquelles l'opinion publique attendait des réponses. "Ça va très bien et tout se passe bien", nous dira, d'ailleurs M. Haddad avant de s'éclipser dans la salle de réunion interdite d'accès aux médias. La réunion durera plus de 2 heures et le débat, à en croire une source proche du FCE, a été houleux. Les présents n'avaient, à aucun moment, ménagé le Premier ministre, allant jusqu'à user de propos virulents pour défendre le patron d'ETRHB et dénoncer l'attitude de M. Tebboune. Aux environs de 13h30, une déclaration, portant entête de l'UGTA, est distribué à la presse. D'emblée, les participants à cette réunion exprime leur "vive préoccupation après le traitement réservé au président du FCE, Ali Haddad, le samedi 15 juillet à l'Institut supérieur de la Sécurité sociale", affirmant que "la sagesse et la sérénité nous commandent de ne pas y voir, pour l'instant, un coup de canif au consensus douloureusement construit et qui porte, par le geste de monsieur le Premier ministre, indéniablement préjudice à l'esprit et la lettre du Pacte national économique et social de croissance, moment fondamental de la consécration de la culture du dialogue social entre le gouvernement et ses partenaires socioéconomiques". Pour un premier message, ces signataires voudraient signifier à M. Tebboune qu'ils pourraient peser de tout leur poids pour remettre en cause le dialogue social, si, dialogue social il y a, avec le gouvernement et se démarquer de l'attitude de M. Tebboune, d'autant que, dans leur déclaration, ils précisent que "la sagesse et la sérénité nous commandent de ne pas y voir, pour l'instant, un coup de canif au consensus". L'acte se veut-il, d'emblée une manière de rejeter l'offre du Premier ministre relative à l'ouverture d'un dialogue sur la croissance économique ? Dans leur déclaration, les signataires ne mettent, en tout cas, pas de gants pour tenter d'enfoncer le Premier ministre, l'accusant d'avoir entaché un dialogue initié par le chef de l'Etat. "Ce dialogue est le fruit de la confiance entre tous les partenaires, initié et porté par le président de la République, vient d'être entaché par un acte difficilement admissible", lit-on dans la déclaration. Ces derniers ne s'arrêtent pas là puisqu'ils lancent un message avec une forte dose de sous-entendus, ciblant directement le Premier ministre. "Nous renouvelons notre engagement sans faille à agir pour traduire dans la réalité nos engagements contenus dans le Pacte et exprimons par là même notre attachement et notre fidélité à la seule personne du président de la République, Abdelaziz Bouteflika". FARID BELGACEM