On le disait souffrant mais voilà que le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi-Saïd, rue dans les brancards pour soutenir son ami, Ali Haddad, président du FCE, chassé comme un malpropre, samedi dernier, de l'Institut supérieur de la Sécurité sociale, selon les desiderata du Premier ministre Abdelmadjid Tebboune qui, pour rappel, n'a pas souhaité le rencontrer à cette occasion. Jouant au début les "Missi Dominici", le patron de la Centrale syndicale n'a pas tardé à afficher la couleur, en outrepassant, cette fois, son rôle traditionnel de "pompier" et en se rangeant résolument du côté du "patron des patrons", aujourd'hui en perte de vitesse. Une situation qui prêterait à rire sous d'autres cieux mais pas en Algérie où l'UGTA a troqué, depuis longtemps, sa vocation revendicative pour assurer, coûte que coûte, la sempiternelle "paix sociale" subséquente à la stabilité politique, maître-mot des tenants du pouvoir. Sur ce registre du front social, il faudrait, peut-être, remonter jusqu'au mandat du défunt Abdelhak Benhamouda pour retrouver une phrase qui commencerait par "l'UGTA dénonce"... Il est vrai que l'actuel secrétaire général s'est surtout contenté, jusque-là, de "monter au front" uniquement pour défendre mordicus, les mesures prises par les différents gouvernements qui se sont succédé ces dernières années et dont il assurait souvent le service après-vente auprès des travailleurs. En prêtant, hier, une fois n'est pas coutume, le papier à en-tête de l'UGTA à plusieurs organisations patronales pour fustiger dans un communiqué le gouvernement, Sidi- Saïd est, bel et bien, devenu, dans cette affaire, un véritable belligérant. Il vient de signer, ainsi, son retour tonitruant sur le front... patronal en se solidarisant, contre toute attente, avec des détenteurs de capitaux dont certains sont, aujourd'hui, sur la sellette. Mais qu'est-ce qui fait courir réellement Sidi-Saïd ? S'agit-il d'une soudaine prise de conscience des enjeux à venir ? Rien n'est sûr, même si certaines sources croient qu'en engageant, à son tour, un bras de fer avec le gouvernement, le SG de l'UGTA risque de perdre des plumes dans cette affaire sachant qu'il a déjà fort à faire avec la gestion controversée des œuvres sociales des travailleurs du secteur de la poste et des télécommunications où un audit externe de l'Inspection générale des finances (IGF) évoque de graves irrégularités se chiffrant à plusieurs milliards. Certains même voient une cause à effet dans la présence surprenante du "syndicaliste en chef" aux côtés de patrons, réunis, eux, pour soutenir l'un des leurs. Bien sûr, le pacte économique et social qui est resté lettre morte n'en est qu'un prétexte. De ce point de vue, même le "traitement réservé" à son ami, Ali Haddad, ne peut être perçu que comme un autre subterfuge. Mohamed-Chérif Lachichi