Le Premier ministre Tebboune est, depuis son installation à la tête de l'Exécutif, sur tous les fronts. Sur le volet économique, Abdelmadjid Tebboune lance des dizaines de dossiers en même temps. Industrie automobile, foncier industriel, foncier agricole, commerce extérieur, rien n'est laissé de côté. La méthode du nouveau Premier ministre qui se démarque de celle de son prédécesseur, consiste à consacrer un Conseil interministériel à chaque dossier où sont passés au peigne fin les irrégularités et les dysfonctionnements. Ces Conseils interministériels, contrairement à la tradition, révèlent à chaque fois des dossiers incendiaires et des pratiques frauduleuses. C'est le cas du Conseil interministériel sur le foncier industriel qui a fait ressortir l'existence de 11 600 hectares de réserves foncières destinées à l'investissement en situation de non-exploitation, dont 13 977 parcelles couvrant une superficie de 5 530 ha non attribuées se composant de 2 773 ha au niveau des zones industrielles et de 2 757 ha au niveau des zones d'activité. Par ailleurs, l'examen de la situation des réserves foncières agricoles du domaine national, auquel a été dédié un Conseil interministériel, a débouché sur le gel des décisions portant l'affectation des réserves foncières agricoles destinées à la création de nouvelles exploitations agricoles et d'élevage. Sans parler de l'arnaque de l'industrie automobile qui a poussé le gouvernement à revoir de fond en comble cette filière et le cahier des charges l'encadrant. Dans la forme, la démarche du Premier ministre suggère que le nouvel Exécutif veut faire table rase de ce qui a été fait avant. Il affiche une volonté de rompre avec la période Sellal. Il faut dire qu'après une gestion Sellal qui s'est avérée sans effet sur la crise, Abdelmadjid Tebboune, même si les enjeux économiques sont immenses, part avec un préjugé plutôt favorable. Dans le discours, le Premier ministre affiche sa volonté de faire la guerre à l'argent sale, à la gabegie, au sabotage économique, aux importateurs véreux et aux patrons indélicats. Le Premier ministre semble même prêt à casser le tabou des subventions qu'il envisage de cibler pour une meilleure efficacité. Cette décision audacieuse ne lui a pas valu que des applaudissements, tant les intérêts touchés sont colossaux. Cette méthode veut visiblement prouver que le gouvernement veut changer la donne. La mise en demeure adressée aux puissants groupes du BTPH, privé algérien et sociétés étrangères, ainsi que le gel de la décision arbitraire d'octroi des milliers d'hectares de bonne terre à des entités en dehors de tout cadre légal sont pour le moment des signaux forts crédibilisant le Premier ministre. Mais cette façon de faire va-t-elle porter ses fruits ? Difficile de juger, d'autant que les résistances se font déjà sentir. Le dernier clash entre Abdelmadjid Tebboune et le patron du FCE, par ricochet, le patronat et l'UGTA, en est une preuve indéniable. Saïd Smati