Le 48e anniversaire de l'exécution de Amar Manseri, le second algérien à être guillotiné à l'aube d'un certain 8 avril 1957 à la, tristement, célèbre prison de Serkadji, n'a pas dérogé à la tout aussi triste indifférence des siens. En effet, ni les proches de ce digne fils de Timeghras ni les autorités locales, encore moins l'administration du lycée polyvalent de la localité dont le nom trône, comble de tout, à son fronton depuis avril 2000, ou encore ses amis de la famille révolutionnaire n'ont daigné initier ne serait-ce qu'une cérémonie de recueillement à sa mémoire. Et dire que ce valeureux maquisard a eu, quelques minutes seulement avant de passer à la guillotine en compagnie de Saïd Babouche et Arezki Louni, la visite de deux de ses compagnons de geôle. Ces mots, empreints d'une témérité et d'une bravoure sans égales, ont été rapportés par son avocat, Me Ould Aoudia : “Nous allons mourir pour l'indépendance de l'Algérie, c'est un honneur de mourir pour son pays. Nous allons mourir, mais l'Algérie sera libre.” Cette exécution a été faite suite à sa capture et à sa condamnation, deux ans auparavant, à la peine capitale et ce, malgré l'appui des pères-blancs de Tizi Ouzou et de l'avocat Ould Aoudia, qui a été jusqu'à être reçu par le président français de l'époque. Né en 1920 à Timeghras, l'un des nombreux villages de la daïra des Ouacifs, situé juste au contrebas de l'imposant Djurdjura, Amar Manseri, et une fois son CEP brillamment décroché, militera d'abord au sein du Mtld aussi bien localement qu'au sein de l'émigration. De retour au pays, il rejoindra aussitôt l'un des groupes locaux dits du Djurdjura et participera à nombre d'attentats dans la Mitidja au déclenchement de la glorieuse guerre de libération nationale. Dénoncé par un caïd local, il tombera entre les mains de la soldatesque coloniale un certain 11 février 1955 au village limitrophe d'Ath-Ergane pour être emprisonné à Tizi Ouzou avant d'atterrir à Serkadji sous le n° 2436 où il séjournera jusqu'au 8 avril 1957, date de son passage à la trappe. A. K.