Selon des documents exclusifs obtenus par Liberté, l'ETRHB Haddad accuse un retard criant sur 26 marchés, à savoir 9 chantiers dans le secteur de l'hydraulique et 17 autres dans le BTPH. Le montant des avances s'élève à plus de 117,69 milliards de dinars, dont 26,34 milliards de dinars sur les projets liés à l'hydraulique. Le groupe ETRHB appartenant à Ali Haddad, le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), fera incessamment l'objet de nouvelles mises en demeure. Elles concernent 9 grands projets dans le secteur de l'hydraulique. Le ministère des Ressources en eau a décidé de publier ces mises en demeure sur plusieurs supports médiatiques privés et publics sous formes de placards publicitaires. Une décision dictée par les retards accusés pour la livraison de ces projets. Le groupe ETRHB n'a pas respecté les délais impartis pour la livraison de chantiers, dont certains datent des années 2010 et 2012. Selon des documents exclusifs obtenus par Liberté, tous les projets ont fait l'objet d'avances effectuées et perçues par le groupe. En effet, le budget de neuf projets s'élève à 56,63 milliards de dinars, dont 26,34 milliards ont été percus, en sus des avenants exigés conformément au cahier des charges régissant les marchés publics. À l'Agence nationale des barrages et des transferts (ANBT), le groupe a arraché quatre projets. Le premier, en partenariat avec Mapa, consiste à réaliser, au niveau du barrage Beni Haroun, une conduite de transfert à partir de la station de pompage vers le barrage Oued Athmania. D'un montant de 9,36 milliards de dinars, un premier versement de 5,78 milliards de dinars a été effectué afin que les travaux soient entamés en juin 2012 pour un délai de réalisation de 32 mois. Le second consiste, avec ses partenaires Kougc et ACC, en un transfert entre les barrages de Boussiaba et Beni Haroun. D'un montant de 9,22 milliards de dinars et avec une avance effectuée de 7,28 milliards de dinars, ce projet devait être entamé en février 2010 pour être livré dans un délai de 45 mois. Le troisième projet, où le groupe Cosider était associé, consiste à réaliser le barrage de Djedra, à Souk-Ahras dans un délai de 38 mois pour un montant de 8,38 milliards de dinars, dont 2 milliards de dinars avaient été versés pour débuter les travaux en octobre 2012. Enfin, le quatrième chantier d'un montant de 7,16 milliards de dinars, dont 2 milliards de dinars étaient versées, consiste à réaliser le barrage de Bouzina, à Batna, et dont le début des travaux était fixé à janvier 2014. Par ailleurs, l'ETRHB Haddad a bénéficié de deux projets à l'Algérienne des eaux (ADE). Selon les documents en notre possession, le premier chantier concerne le transfert de la nappe Chott El-Gharbi vers les agglomérations sud de Tlemcen, du nord de Naâma et du sud de Sidi Bel-Abbès. Ce chantier était scindé en deux. Le premier lot d'un montant de 6,52 milliards de dinars, dont une avance de 4,14 milliards de dinars versée, devait démarrer en décembre 2012 pour un délai de livraison de 24 mois. Le second, qui devait être entamé à la même date, est d'un montant de 5,033 milliards de dinars, dont 1,098 milliard de dinars versé comme acompte, devait être livré également en 24 mois. Quant au second projet, il s'agit de l'AEP de Mascara et du couloir de Mohammadia, d'un montant de 1,78 milliard de dinars, avec un versement de 800 millions de dinars qui avait été effectué avant l'entame du chantier en juin 2014 pour un délai de livraison de 30 mois. À l'Office national d'assainissement (ONA), l'ETRHB Haddad a également été l'heureux prétendant pour arracher un marché de 2,94 milliards de dinars pour réaliser la station d'épuration de la ville Ali-Mendjeli, à Constantine. Ayant obtenu une avance de 1,065 milliard de dinars, l'ETRHB Haddad devait entamer les travaux en août 2014 et était tenu de livrer cette station en 20 mois seulement. Idem pour le projet de réhabilitation du périmètre d'irrigation de Habra sur une surface de 9 971 hectares que le groupe ETRHB devait réaliser en 14 mois seulement. Là aussi, le groupe a eu droit à un acompte de 2,14 milliards de dinars sur un montant global de 6,19 milliards de dinars pour entamer les travaux en mars 2014. Quid des 17 projets du BTPH ? Concernant les travaux publics et les transports qui touchent l'ETRHB Haddad et ses partenaires, ils portent sur 17 chantiers liés à la réalisation des lignes ferroviaires et de pénétrantes et liaisons autoroutières, d'installations et d'équipements d'exploitations autoroutières. Selon les documents en notre possession, le montant global des chantiers attribués à ce groupe s'élève à 426,98 milliards de dinars, dont 91,358 milliards de dinars ont été versés avant l'entame des travaux. Là aussi, on notera d'emblée que la valeur de quatre projets, à eux seuls, s'élève à 419, 68 milliards de dinars, dont un paiement effectué évalué à 60,993 milliards de dinars. Le premier marché portait sur des études de maturation et réalisation du tronçon 2 Tlemcen/Akid Abbas (66 km) de la ligne double voie électrifiée Oued Tlélat/Akid Abbas (Tlemcen et Sidi Bel-Abbès). Ce projet qui devait être entamé le 20 mars 2013 accuse un retard de cinq ans. Le montant global du marché est de l'ordre de 117,27 milliards de dinars, dont le paiement effectué est de 18,73 milliards de dinars. Le second projet porte sur les travaux de réalisation de la nouvelle ligne ferroviaire à voie unique Relizane/Tiaret/Tissemsilt (185 km) et qui devaient être entamés en janvier 2011. Celui-ci accuse un retard de sept ans. Le montant est de 102,68 milliards de dinars, dont le paiement effectué est de l'ordre de 27,39 milliards de dinars. Le troisième projet porte sur la réalisation de la liaison autoroutière reliant le port de Djen-Djen à l'autoroute Est-Ouest au niveau d'El-Eulma sur 110 km qui accuse trois ans de retard. Le groupement avait perçu 35,85 milliards de dinars sur un montant global de 167, 27 milliards de dinars. Idem pour le projet portant sur la réalisation des installations et équipements d'exploitation de l'AEO/lot Ouest qui n'a même pas démarré. D'un montant global de 32,44 milliards de dinars, le groupe avait perçu un acompte de 6,37 milliards de dinars. Les 13 autres chantiers ont eu le même traitement au niveau du groupe ETRHB Haddad et ses partenaires turcs, italiens, espagnols et portugais, comme Teixeira Duarte, Rizzani, SCE et Ozgun. Pas seulement, puisque des entreprises nationales sont impliquées dans ces projets, à l'instar de l'entreprise Sapta, Engoa et EPTP Alger. Des crédits, des acomptes et des retards Au total, et selon des documents obtenus par Liberté, l'ETRHB Haddad a bénéficié de 26 marchés, à savoir 9 chantiers dans le secteur de l'hydraulique et 17 autres dans le BTPH. Le montant global des marchés s'élève à près de 483 milliards de dinars alors que le montant global des avances s'élève à plus de 117,69 milliards de dinars, dont 26,34 milliards de dinars sur les projets liés à l'hydraulique. Ainsi, et à la lumière de ces montants, il ressort que toutes les chances pour réussir ont été du côté du groupe ETRHB Haddad qui a bénéficié de plusieurs lignes de crédits bancaires pour financer ses projets qu'il devait exécuter dans les délais impartis par les avis d'appels d'offres. Malheureusement, et malgré les avenants dont il a bénéficié pour lancer et/ou relancer ses chantiers, ce groupe a remis en cause les termes du cahier des charges relatif aux marchés publics, d'autant qu'il avait eu droit, pour la majorité des projets, à 50 et 80% des acomptes à titre d'avance, ce qui s'inscrit en porte-à-faux avec la réglementation en vigueur. Il ressort également que 80% des marchés névralgiques ont été sous-traités avec des entreprises étrangères qu'il devait payer en devises afin de conclure les contrats et entamer les travaux. On citera, entre autres, la forte somme de 330 millions d'euros inclus dans un seul contrat. Aussi, il y a lieu de relever que l'ETRHB Haddad a eu droit à deux marchés en gré à gré simple et un autre marché en gré à gré dans le BTPH avec une avance dépassant 40 milliards de dinars. De même, l'ETRHB Haddad a battu le record en termes de retards accusés dans les travaux. En effet, outre les retards flagrants constatés par les mises en demeure, certains projets n'ont même pas été entamés à ce jour. FARID BELGACEM