L'Algérie est classée 18e en Afrique en termes de capacité installée en énergies renouvelables en 2017. L'Ethiopie arrive en tête du classement des pays africains ayant la plus grande capacité installée d'énergies renouvelables en 2017, selon un rapport publié par l'Agence internationale des énergies renouvelables (Irena). Ce pays de la Corne de l'Afrique disposait d'une capacité maximale nette de génération des centrales électriques et autres installations utilisant des sources d'énergies renouvelables de 4 188 mégawatts (MW) à fin 2016. L'Algérie occupe la 18e place dans ce classement, avec seulement 536 MW, une faible capacité de renouvelable, dans un pays à fort potentiel solaire. Les énergies propres restent ainsi à la traîne. Pourtant, sur le papier, les ministres respectifs de l'Energie ont affiché des ambitions élevées en ce qui concerne les énergies renouvelables. Dans la pratique, ces ambitions ont été diluées. Le ministre sortant, Noureddine Bouterfa, par exemple, a laissé un grand héritage dans le renouvelable, un secteur confié à Fatma-Zohra Zerouati du parti TAJ d'Amar Ghoul. Novice dans ce domaine, elle risque de passer un temps d'épreuve difficile dans les travers de ce grand ministère. Va-t-elle changer d'approche pour faire progresser le renouvelable, dans le cadre du programme national de développement des énergies renouvelables adopté en 2011 et révisé en 2015 ? Le programme en question prévoit, à l'horizon 2030, la production de 22 GW d'électricité à partir des ressources renouvelables, dont 13 575 MW issus du solaire photovoltaïque et 5 010 MW de l'éolien. Le reste de ces 22 GW sera produit en utilisant d'autres technologies (biomasse, cogénération et géothermie). La mise en œuvre de ce programme nécessite des investissements colossaux estimés à 120 milliards de dollars. En théorie, la réalisation des champs solaires et la distribution des 4 000 MW d'électricité seront attribuées aux soumissionnaires les moins-disants sur le prix du kWh, dans le cadre d'un appel d'offres relatif à ce projet grandiose. L'objectif est d'obtenir le prix du kWh le plus faible possible. Les changements opérés au plan international, dans les énergies renouvelables, ont fait que les coûts de production des énergies propres ont relativement baissé. Le problème est que le gouvernement n'a pas retenu l'option de la fixation d'un prix du kWh garanti par l'Etat-client, basé sur une grille de "feed in prices" (prix garantis). Cette formule semble avoir été écartée afin de protéger le consommateur en lui offrant une énergie propre et durable sans augmentation du prix de l'électricité (le prix de l'électricité conventionnelle). L'appel d'offres se rapportant aux 4 000 MW allait être lancé fin mars dernier. À ce jour, il ne l'a pas encore été, alors que la procédure d'appel d'offres pour la production des énergies renouvelables ou de cogénération et leur intégration dans le système national d'approvisionnement en énergie électrique a été définie dans un décret publié dans le Journal officiel il y a quelques mois. Trois principaux éléments sont à retenir dans l'élaboration de cet appel d'offres. D'abord, Sonatrach participera à hauteur de 40% dans chaque société de projet, Sonelgaz et les entreprises publiques et privées nationales à 11%. Ensuite, l'implication du privé national dans le capital de chacune des sociétés de projet ne dépassera pas 6%. Enfin, la répartition du capital social de chaque entreprise se fera conformément à la réglementation régissant l'investissement étranger qui accorde une prise de participation de 51% à l'investisseur national et 49% au partenaire étranger. Le gouvernement ne touchera pas ainsi au 51/49, y compris dans ce mégaprojet. L'approche juridique sous-tendant le renouvelable ne changera pas, ainsi que l'a laissé entendre récemment Fatma-Zohra Zerouati. A priori, la nouvelle ministre ne compte pas tout remettre à plat dans ce domaine. Youcef Salami