La procédure des licences d'importation est "conjoncturelle" et elle "n'entraverait" pas le développement des relations économiques bilatérales entre l'Algérie et la France. C'est là le message délivré par le ministre du Commerce, Ahmed Saci, à l'ambassadeur de France, Xavier Driencourt, lors de l'audience qu'il lui a accordée au siège de son département mardi. Comme pour se justifier, le ministre du Commerce a affirmé à son invité que "le système des licences d'importation est actuellement la meilleure méthode pour réguler et encadrer le marché selon des normes étudiées et supervisées par des spécialistes", ajoutant que "l'Algérie n'est pas le premier pays au monde qui a adopté ce système. Plusieurs pays l'ont adopté selon les conditions et les objectifs économiques de chaque pays". Les licences d'importation, instaurées par le gouvernement, ont, en effet, suscité des inquiétudes moult fois évoquées par les partenaires de l'Algérie. Pour le cas de la France, les inquiétudes sont d'autant plus grandes que la structure des importations françaises se voit touchée de plein fouet. Le bilan des Douanes françaises sur les exportations françaises vers l'Algérie, au titre de l'année 2016, indique que les exportations de la France ont atteint les 5,08 milliards d'euros en 2016, en net recul par rapport à 2015, année durant laquelle ces exportations ont atteint les 6,2 milliards d'euros. Mais au-delà de la valeur, ce qui attire l'attention, ce sont les statistiques détaillant les produits exportés vers l'Algérie. Outre les voitures issues des usines françaises, les exportations concernent des parfums et produits pour la toilette, des appareils électroménagers, de condiments et d'assaisonnements, des savons, des détergents et des produits d'entretien. Il faut dire qu'après l'élargissement des licences d'importation, tous ces produits sont concernés. Alors que le terme "conjoncturelles" n'a jamais été utilisé dans la communication interne sur les licences d'importation, il devient, pour ainsi dire, nécessaire dans la communication externe. Il devient d'autant plus nécessaire quand on sait que l'Union européenne, premier partenaire commercial de l'Algérie, a déploré l'institution du régime des licences d'importation par le gouvernement algérien. Dans son rapport annuel sur les obstacles au commerce et à l'investissement, publié récemment, la Commission européenne a noté que la mise en place, en 2016, d'un régime de licences d'importations concernant quatre catégories de produits (véhicules, ciment, barres d'armature et fil-machine en acier) a fortement affecté les exportateurs européens. Par ailleurs, le document de travail conjoint qui a sanctionné les travaux de la 10e session du Conseil d'association Algérie-UE, coprésidée à Bruxelles par l'ex-ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Ramtane Lamamra, et la cheffe de la diplomatie européenne, Frederica Mogherini, a indiqué que pour l'UE, l'introduction des licences d'importation n'est pas conforme aux obligations de l'accord d'association entre les deux partenaires. Depuis, le gouvernement a procédé à l'élargissement des contingents à d'autres produits (électroménagers, téléphones mobiles et produits cosmétiques). D'ailleurs, La liste des contingents des produits à soumettre au dispositif des licences "pourrait éventuellement être élargie à d'autres produits et contingents, en temps opportun", selon le gouvernement. Ce qui ne fait qu'accentuer les inquiétudes. Saïd Smati