La verve poétique d'Amin Khan a encore frappé, au grand bonheur des amoureux de belles lettres, des vers et de l'élégance, à travers Nuits d'août, huitième ouvrage poétique de ce monstre de la littérature, publié dernièrement aux éditions Dar El-Kalima. À mi-chemin du vers libre et la prose, loin d'une quelconque recherche d'harmonie ou de musicalité, ces trente et un petits bijoux de poésie abordent des sujets inhérents au commun des mortels, mais pourraient aussi bien être une manière pour l'auteur d'extérioriser ses émotions liées à la passion amoureuse, l'espoir, la liberté, les rêves et la mort... Des poèmes courts mais impétueux, affligeants de vérité, de voracité même. Des textes qui deviennent un miroir que l'auteur de ces perles tend à son lecteur, lui renvoyant, dans certains poèmes, l'image d'un être destructeur, animé par la seule envie de posséder et de saccager. Le recueil s'ouvre par l'évocation de retrouvailles de deux amants, dans la chaleur d'une nuit d'été, où les sens sont éveillés par la musique : "En attendant les retrouvailles des corps et des voix. Sur le sol nu et le son des cordes sèches des vieilles mandolines. Et du tambourin et la danse des tentures enflées des parfums. De la nuit longue. Et la trace luisante de leurs pas." Dans Rassemblez-vous, Khan dépeint l'absurdité de l'être, ses travers et ses vices : "Allez-y, mangez-vous les uns les autres (...) Gardez ouverts vos regards noirs, de prévôt et de bêtes d'abattoir." Dans un autre poème, il personnifie Alger, qui devient sa maîtresse, attendant avec ardeur le retour de son amant : "Alger penchée sur moi. Comme pour me dire. Ça fait longtemps. Avec un air feint de gourmandise." L'envie et la jalousie sont aussi présents dans ces poèmes d'amour et de passion, en laissent s'échapper quelques-uns des souvenirs du poète, comme la restitution de l'image de cette danseuse "lente et blanche", qui lui fera ressentir une "douleur étrange, de la haine et de l'envie". Par ailleurs, l'artiste Arezki Larbi a accompagné cette collection de nombreuses peintures abstraites qui, à l'image des textes, restent légères et subtiles, où apparaissent, dans la main de son personnage sans visage, une colombe, une étoile ou encore un cœur. Né en 1956 à Alger, Amin Khan a étudié la philosophie et l'économie, avant de se consacrer à la littérature. Il est l'un des poètes les plus prolifiques en Algérie, avec une collection de recueils qui lui vaudra plusieurs prix, comme celui de Nikos Gatsos en 2012 et de l'Académie française pour Arabian blues (MLD 2012) Recueil Poèmes d'août, d'Amin Khan,éditions El-Kalima, 41 pages, 500 DA, 2017