Ni les nouvelles manifestations orchestrées par l'opposition ni les menaces à peine voilées de Washington ne perturbent le président socialiste du Venezuela Nicolas Maduro, qui se dit fort des résultats du scrutin. L'élection, dimanche, de l'Assemblée constituante, dans un climat de violence qui a fait 10 morts, semble conforter le président Maduro, dont le mandat s'achève en 2019. Le scrutin a été marqué par des violences qui ont fait 10 morts, portant à plus de 120 le nombre total de personnes tuées en 4 mois de manifestations antigouvernementales. Le boycott de l'opposition, qui assure que l'Assemblée constituante ne vise qu'à prolonger le pouvoir de Nicolas Maduro, n'a pas empêché le déroulement de l'élection. Selon les chiffres officiels plus de 8 millions d'électeurs, soit 41,5% du corps électoral, ont participé au scrutin. À partir de là, le président vénézuélien clamait haut et fort, hier matin, que la nouvelle Assemblée est née avec une grande légitimité populaire. Vêtu de rouge, le poing brandi et le sourire aux lèvres, il a célébré devant ses partisans sur la place Bolivar, au centre de Caracas, ce qu'il a qualifié de plus grand vote de la révolution bolivarienne depuis 18 ans. "Le moment d'une nouvelle histoire est arrivé", a-t-il lancé. "L'Assemblée constituante doit être consciente du pouvoir entre ses mains", a-t-il également martelé. "Cela suffit avec le sabotage de l'Assemblée nationale, il faut mettre de l'ordre", a-t-il menacé. La Constituante de 545 membres, qui doit diriger le pays pour une durée indéterminée, s'installera demain au siège du Parlement dominé depuis 2016 par l'opposition réunie au sein de la table de l'unité démocratique (MUD), qui ne reconnaît pas la nouvelle Assemblée. Cette instance, qui se situe au-dessus de tous les pouvoirs, y compris du Président, doit rédiger une nouvelle Constitution remplaçant celle promulguée en 1999 par le défunt président Hugo Chavez. L'opposition, qui a boycotté le scrutin, a rapidement appelé à manifester, hier, avec le soutien de Washington, laquelle a brandi la menace de nouvelles sanctions. Le Département d'Etat US a dénoncé le scrutin, estimant que la Constituante vise à saper le droit du peuple vénézuélien à l'autodétermination, tout en soulignant les nouvelles sanctions fortes et rapides. Pour rappel, 13 anciens et actuels responsables gouvernementaux vénézuéliens sont sous le coup des sanctions financières américaines. Par ailleurs, une dizaine de pays, des Etats-Unis à la Colombie, en passant par l'Argentine ou l'Espagne, ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas la Constituante vénézuélienne, alors que le Brésil a appelé à la suspension de son installation. Dimanche, alors que les bureaux de vote étaient surveillés par l'armée, opposants et forces de l'ordre se sont affrontés à Caracas et dans d'autres villes lors de batailles rangées à coups de balles en caoutchouc ou gaz lacrymogènes contre jets de pierre et cocktails Molotov.