Il aura fallu que la typhoïde frappe de plein fouet cette contrée de l'Algérie profonde pour que de nombreuses familles bénéficient d'une attention particulière de la part des autorités. Le programme qui a été lancé pour la réalisation de 52 logements sociaux participatifs ruraux vient enfin de voir le jour. En effet, en ce début du mois d'avril, les damnés qui souffraient depuis l'indépendance abandonneront leurs habitations précaires. Cependant, pour pouvoir bénéficier de ces logements individuels qui ont gardé l'aspect rural, les habitants du douar El-Bayada ont été forcés de verser un apport financier personnel évalué à 19 millions de centimes, suivant un échéancier de paiement, alors que l'Etat a contribué à hauteur de 60 millions de centimes et ce, en dehors des travaux de viabilisation. Le relogement de ces familles a été suivi dans la même journée d'une opération de démolition des habitations précaires.Nous avons abordé un sexagénaire, venu assister à la scène devant son ancienne bâtisse. Ce dernier ne s'est pas empêché, d'un air plaisant, de nous faire cette déclaration pleine d'humour mais aussi lourde de sens : “C'est maintenant que j'ai retrouvé le plaisir de vivre, moi qui n'ai jamais connu de robinet dans la cuisine, puisque nous étions alimentés par l'unique fontaine collective, avec toutes les conséquences que cela suppose.” D'autres bénéficiaires se sont plaints de l'exiguïté du logement, notamment ceux qui ont une famille nombreuse.En tout état de cause, ce centre de regroupement, qu'est le douar Bayada créé par l'occupant, ne sera qu'un mauvais souvenir pour les parents ainsi que les jeunes et les moins jeunes. Après l'opération de démolition, le terrain qui a fait l'objet d'une étude du PDS sera récupéré pour d'éventuels projets de construction de logements dans le cadre de différents programmes. La même opération est prévue au niveau du douar Sidi Boumédiene (douar Harka) qui est sorti de l'anonymat, après le foyer de typhoïde qui s'est manifesté à cette époque puisque une vingtaine de logements sociaux seront achevés d'ici deux mois au profit des concernés. Pour rappel, cette épidémie nous a habitués à faire sa réapparition durant la période des grandes chaleurs. Elle s'est subitement déclarée en plein hiver de l'année écoulée, où l'on a dénombré plusieurs cas de typhoïde nécessitant une mobilisation des deux établissements hospitaliers de Aïn Témouchent et de Hammam Bouhadjar pour la prise en charge des personnes atteintes et, parmi elles, des enfants. L'épidémie s'est déclarée plus précisément au niveau des deux douars El-Bayada et Sidi Boumédiene, dit douar El-Harka, constitués d'un ensemble de taudis dépourvus de tous les équipements nécessaires pour une vie décente. Sous d'autres cieux, des animaux ne pourraient vivre dans ces conditions, où l'on sent des odeurs nauséabondes, de fumier, d'étables... Le tort de ces habitants, c'est peut-être ce qualificatif de “harka” collé au douar qui a poussé les élus et autres responsables qui se sont succédé à leur tourner le dos, sauf en période... pré-électorale où les promesses d'une prise en charge sont devenues légion, le temps d'une campagne ! A. A.