L'avènement de la saison chaude représente pour de nombreux citoyens l'occasion de renouer avec les moments de détente et de plaisir. Cependant, l'été, pour beaucoup de familles, est synonyme de calvaire, car c'est le moment où la machine judiciaire se met en branle pour appliquer les décisions d'expulsion des logements indûment occupés. C'est ainsi qu'une vingtaine de familles ont été contraintes d'évacuer des habitations qu'elles occupaient durant des années, entamant pour les unes la dure bataille pour la recherche d'un toit, avec le sentiment d'être abandonnées par les pouvoirs publics. C'est le cas pour des familles récemment expulsées à Miliana, où des propriétaires impitoyables louent des « taudis » à 10 000 DA le mois. Les autorités locales avouent leur incapacité à gérer ces situations, qui, selon elles, ne relèvent pas de leurs prérogatives. Ainsi, elles s'en lavent les mains, en affirmant que ces familles auraient dû prendre leurs dispositions et qu'il n'est pas de leur ressort de prendre en charge les conflits familiaux qui sont à l'origine de telles situations. C'est ce que nous ont affirmé le P/APC et le chef de daïra de Miliana. Ces derniers ajouteront que la municipalité de Miliana ne dispose pas, à l'heure actuelle, de logements à attribuer. Alors que d'aucuns, parmi les responsables locaux, s'accordent à ressasser le fait que cette ville est dépourvue en terrains, d'autres, en revanche, rétorquent que tout le problème réside dans la gestion de ce dossier durant les mandats successifs, et d'affirmer que ce ne sont pas les terrains constructibles qui manquent, mais la volonté de servir les citoyens. En tout état de cause, si des possibilités de dégager des espaces urbanistiques existent au cœur de la ville et principalement sur les hauteurs, il faudra, selon nos interlocuteurs, mettre les bouchées doubles en termes de moyens car ces espaces présentent une topographie accidentée. Les habitants du site Les Cerisiers se souviennent encore de cette nuit où plusieurs logements avaient craqué sous l'effet des intempéries. Il fallait alors évacuer les familles sinistrées en toute urgence et les recaser un peu plus loin, mais sur le même site. Depuis, les 30 logements construits sur un terrain glissant et qui sont fortement endommagés attendent d'être restaurés dans le cadre d'une vaste opération d'aménagement de structures de protection contre les inondations et seront attribués aux postulants aux logements sociaux, nous ont indiqué des responsables locaux. En matière de logement social, les mêmes responsables feront état du lancement de travaux où de l'entame des études pour la réalisation d'un programme comprenant près de 500 unités sur plusieurs sites de la ville. On signale l'attribution récente de 55 logements sociaux, mais qui restent, à ce jour, inoccupés. Notons par ailleurs, qu'une grande partie de ce programme reste à concrétiser, alors qu'il est fait état de l'attribution de 10 logements au bénéfice des victimes du terrorisme au niveau du quartier de Sidi S'baâ et de 10 aides à la résorption de l'habitat précaire à différents endroits de la commune. Soulignons que les responsables locaux tablent beaucoup sur les sites de Sidi El Ghoul et de Sidi S'baâ situés en contrebas de la ville et qui s'étendent sur une superficie de près de 30 hectares. Selon eux, un vaste programme est prévu sur ces sites, il permettra d'atténuer la tension actuelle sur le logement. Pour rappel, les autorités locales avancent un total de 10 000 dossiers de demandes de logements, chiffre avancé par le SG de la municipalité, alors que le chef de daïra affirmera que 3000 dossiers sont en attente. Les habitations précaires sont au nombre de 4000, toujours selon le SG de la commune, alors que le chef de daïra dira ne pas en connaître le nombre exact. Il est vrai, comme le fera observer le P/APC de Miliana, que la moitié de cette ville millénaire est constituée de ce type d'habitats. Le centre-ville comprend plus d'une trentaine de bâtisses cédées par l'Etat à des particuliers, que d'aucuns considèrent comme relevant du patrimoine national et, de ce fait, les pouvoirs publics gagneraient à veiller à la préservation du cachet architectural de ces maisons. Par ailleurs, les responsables locaux feront observer qu'il existe dans la commune plusieurs familles, dont celles issues de l'exode dû à l'insécurité durant les années 1990, qui vivent dans des constructions en « toub », notamment entre les localités de Bab El Ghabi et Zougala. Ces maisons sont souvent dissimulées par des roseaux qui longent la route à ces endroits. A noter encore que les autorités de la wilaya de Aïn Defla espèrent atténuer le problème du logement à Miliana par la récupération des biens de la société dissoute Sonarem qui occupe une superficie importante, notamment à l'entrée de la ville. A ce propos, il est signalé, toujours selon les mêmes responsables, qu'une commission de wilaya a procédé au recensement des terrains de l'ex-Sonarem. Ceux-ci permettront, en cas de désistement du ministère de l'Industrie, la réalisation de projets d'envergure au profit de la population de cette commune, estimée à plus de 43 000 habitants. A noter enfin qu'à côté de la formule du logement social, celle relative au logement social participatif (LSP) connaît un engouement grandissant dans toute la wilaya de Aïn Defla où plusieurs logements de ce type devraient être prêts à être distribués dans les prochains jours au niveau du chef-lieu de wilaya et de Miliana.