C'est la brigade de recherche de la gendarmerie qui a été chargée de l'enquête sur des faits qui se sont déroulés le 17 juillet dernier, au Centre des enfants assistés, dans la commune de Hamma Bouziane, à environ 15 kilomètres au nord de Constantine. Le personnel d'un établissement pour enfants assistés sera entendu, dans les prochains jours, dans le cadre d'une enquête ouverte après la chute d'un enfant du quatrième étage, nous a indiqué une source sécuritaire. C'est la brigade de recherche de la gendarmerie qui a été chargée de l'enquête préliminaire. Elle porte sur des faits qui se sont déroulés, le 17 juillet dernier, au Centre des enfants assistés situé dans la commune de Hamma Bouziane, à environ 15 kilomètres au nord de Constantine. "Ce qui est reproché aux responsables de ce centre est plus qu'un comportement de négligence envers les enfants. Il y a aussi une mauvaise gestion et l'insécurité", laisse-t-on entendre. Des faits présumés qui ont poussé la directrice de l'action sociale de la wilaya de Constantine à transférer 18 enfants du centre en question vers le foyer de Bekkaria, dans la wilaya de Tébessa. Un centre qui, pour rappel, a été au cœur d'un scandale de pédophilie en 2012. Parallèlement à l'enquête de la gendarmerie, le ministère de tutelle a dépêché, il y a quelques jours, une commission qui aura pour but de s'enquérir de la situation dans le centre, ainsi que des circonstances de l'accident du 17 juillet dernier, et ce, à la suite d'une forte mobilisation sur les réseaux sociaux, ainsi que de Mohamed Cherif Zerguine, écrivain et militant pour les droits des enfants, qui n'a cessé d'alerter les pouvoirs publics. Ce dernier a même saisi le ministère de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme concernant des dépassements enregistrés au niveau de ce centre, et ce, à travers une correspondance, dont nous détenons une copie, adressée à la tutelle le 6 juillet dernier. L'accident, quant à lui, a été le facteur déclencheur des investigations, car il a levé le voile sur un certain nombre de dysfonctionnements concernant les conditions d'accueil, de prise en charge, d'encadrement et, surtout, de sécurité des enfants "orphelins de père et de mère". Une situation précaire Nous avons rencontré quelques-uns de ces enfants lorsqu'ils rendaient visite à leur ami Hani, au CHU Ibn-Badis. "Nous sommes livrés à nous-mêmes." Un constat conforté par Mme Gouah, directrice de l'action sociale, qui nous a affirmé, lors d'un entretien, il y a quelques jours, que la situation était "très précaire". Notre interlocutrice nous a confié qu'en effet, le traitement d'un dossier aussi délicat était source de véritables inquiétudes. Installée depuis 5 mois à la tête du secteur de l'action sociale à Constantine, Mme Gouah affirme que lors des visites qu'elle a effectuées au Centre des enfants assistés, le constat était accablant. "Le centre est loin d'être adapté à l'accueil d'enfants souffrant de déficiences mentales, sans oublier la mauvaise gestion et un surplus d'effectif qui dépasse les 32 personnes, et dont la plupart sont régulièrement absents, mais perçoivent leur salaire normalement", précise notre interlocutrice. Cela étant dit, aucune mesure disciplinaire n'a été prise à l'encontre des responsables défaillants. Encore moins lorsqu'un enfant de 8 ans est tombé du quatrième étage de l'établissement, qui a eu la mâchoire cassée et plusieurs fractures ! "La commission disciplinaire n'a pas encore siégé, on doit attendre 45 jours pour des formalités administratives", nous a expliqué la directrice de la DAS. Entre-temps, le directeur du centre en question déposera sa démission quelques jours après l'accident. Il est à rappeler que le cas de ce centre n'est pas isolé. Plusieurs enquêtes et rapports effectués par la commission des affaires sociales, lors des sessions de l'APW, ont abouti à l'urgence d'une prise en charge de ce secteur "sensible", notamment pour ce qui concerne la gestion des infrastructures qui deviennent des lieux de vente d'alcool, de psychotropes, d'actes de pédophilie et de beaucoup d'autre fléaux qui menacent les enfants. "J'étais membre d'une commission d'enquête ministérielle dépêchée en urgence à Constantine en 2008, et témoin de comportements inqualifiables envers les nés sous X", nous dira M. Zerguine. Tout en ajoutant qu'un rapport détaillé de la situation des infrastructures dépendantes de la DAS a été remis au ministre de la Solidarité de l'époque. "Mais 10 après, rien n'a changé pour ces enfants, et la situation s'aggrave avec le phénomène de la pédophilie dans ces centres et le trafic de bébés", regrette notre interlocuteur.