Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, malade et âgé, aurait-il l'intention de rempiler pour un 5e mandat présidentiel d'affilée ? À en croire un rapport d'une mission de sénateurs français ayant séjourné récemment en Algérie, l'option n'est pas exclue. Le rapport, long de 43 pages, synthétise une somme d'appréciations et d'observations, après une série d'entretiens avec des parlementaires algériens et des diplomates européens en poste à Alger. Les parlementaires français, se basant sur le constat qu'ils ont fait de la situation politique en Algérie, ont conclu à une possible candidature de Bouteflika en 2019. "L'hypothèse d'une candidature à un cinquième mandat en 2019 n'apparaît d'ailleurs pas exclue", notent-ils, après avoir fait observer que le chef de l'Etat "dispose d'une réelle légitimité, acquise notamment à l'issue de la décennie noire". Ce qui semble avoir inspiré de la sorte les sénateurs français, c'est l'atonie de la société algérienne qui paraît résignée à subir le statu quo. C'est ce que mettent en exergue les sénateurs de l'Hexagone lorsqu'ils écrivent qu' "il n'existe pas de réelle pression populaire en faveur d'une évolution du régime, en dépit de l'impression de sclérose que peut dégager le pouvoir en place." Entre autre raison soulignée par le rapport pour expliquer l'absence de poussée politique qui menacerait le pouvoir en place, l'éparpillement des partis de l'opposition et leur incapacité, donc, à structurer la contestation. Les parlementaires français lisent aussi cette faiblesse de l'opposition à imposer le changement dans les résultats des élections législatives du 4 mai 2017. "Les partis de l'opposition ont également échoué à capter le vote protestataire alors que, contrairement à 2012, ils avaient pourtant tous choisi de participer au scrutin (...) d'ailleurs, les élections législatives organisées le 4 mai dernier n'ont pas débouché sur une remise en question des équilibres politiques", notent les parlementaires français dont le rapport, il y a tout lieu de le souligner, est rendu public (fin juillet) à un moment crucial de la vie politique en Algérie. Un moment marqué par le début des manœuvres pour l'élection présidentielle de 2019. Le rapport focalise sur le président sortant, alors que l'opinion commençait à croire à une succession ouverte. Certaines chancelleries européennes intègrent même la probabilité non négligeable d'une entrée en scène de Saïd Bouteflika qui commence à se faire un peu trop visible depuis quelques mois.