L'annonce de la consécration de 150 milliards de dollars va désormais ouvrir les appétits et surtout relancer la concurrence entre les Français et les Américains dans la région. A l'approche de chaque élection présidentielle en Algérie, les chancelleries étrangères et notamment occidentales, tentent d'appréhender les ambitions des candidats et surtout d'étudier les échelles du pouvoir en Algérie. Contrairement aux années précédentes, les diplomates occidentaux sont moins bavards dans la presse et se contentent d'observer de loin la politique intérieure algérienne. Devant l'absence de l'équilibre des forces politiques dans cette élection présidentielle, de l'existence d'une véritable opposition forte à soutenir et la présentation de Bouteflika comme seule alternative pour l'avenir politique de l'Algérie, les chancelleries occidentales ont déjà fait leur choix. Ainsi, la chancellerie la plus attentive aux élections présidentielles algériennes est bien sûr celle de la France. Mais les diplomates français à Alger observent le silence et surtout n'ont rencontré aucun responsable algérien. Pour essayer de comprendre ce qui se passe dans le sérail algérien, ils ont dépêché des émissaires de Paris. C'est ainsi que la sénatrice française d'origine algérienne s'est retrouvée, malgré elle, dans le tourbillon de la presse algérienne. Ni le représentant français des Bouches-du-Rhône, ni l'ambassadeur de France en Algérie ne se sont exprimés sur l'élection algérienne et encore moins sur la candidature de Bouteflika. Ils ont préféré laisser «l'Algérienne» prêcher le faux pour avoir le vrai. Car, jusqu'à jeudi dernier, aucun diplomate français et encore moins occidental, ne savait si Bouteflika allait ou non se présenter, même leurs sources d'information dans les partis politiques et le mouvement associatif n'ont donné aucune garantie ni information sûre. L'affaire de l'agent de la CIA a également poussé les Etats-Unis, deuxième chancellerie occidentale à avoir un intérêt particulier dans l'élection présidentielle, à baisser le rideau de la communication et surtout à observer de loin l'évolution de la politique algérienne. Contrairement à l'ex-ambassadeur Ford, l'ambassadeur actuel des Etats-Unis à Alger, David D. Pearce, est silencieux. Aucune interview dans la presse et surtout aucun contact avec les responsables algériens. L'affaire de l'agent de la CIA a eu des fâcheuses conséquences sur leurs relations diplomatiques mais aussi politiques avec les Algériens. La dernière rencontre avec un haut responsable algérien a eu lieu avec le ministre délégué auprès du ministre de la Défense, Abdelmalek Guenaïzia, le jeudi 29 janvier dernier. Les Américains, qui appréhendent avec grand intérêt cette élection, la candidature de Bouteflika les satisfait. Avis partagé par les diplomates britanniques, qui observent pour le moment de bons rapports avec les Algériens et attendent beaucoup de cette présidentielle. De leur côté, les Canadiens, moins impliqués, se placent dans le camp des pays occidentaux neutres, mais qui recherchent les meilleures garanties pour la continuité au pouvoir et le développement économique dans la région, pour mieux s'installer en Algérie. Hasard du calendrier, l'annonce de la candidature de Bouteflika intervient en pleine visite de parlementaires canadiens. Du côté des Européens, la candidature de Bouteflika était également très attendue. Des parlementaires européens sont attendus également à Alger pour justement discuter de démocratie et partenariat. Au-delà de l'avenir politique de l'Algérie qui reste lié à sa sécurité et à son développement économique, les chancelleries occidentales attendent une meilleure distribution des marchés commerciaux aux entreprises occidentales et l'annonce de la consécration de 150 milliards de dollars au développement global du pays, va désormais ouvrir les appétits et surtout relancer la compétition entre les Français et les Américains dans la région.