Le FMI a élaboré un document sur la gouvernance et la lutte contre la corruption dans le monde "en partant d'une prise de conscience grandissante que la corruption systémique peut menacer les perspectives d'une croissance durable et inclusive", a-t-il indiqué, jeudi, sur son site web. Le document a évalué dans quelle mesure la corruption a été traitée de manière appropriée par le FMI dans les pays membres dans le cadre de l'évaluation des économies des pays membres et des programmes appuyés par cette institution financière en tenant compte de la note d'orientation de 1997 selon laquelle les questions de corruption doivent être traitées lorsqu'elles sont réputées avoir un impact considérable sur le plan macroéconomique à court et moyen termes. Bien que le Fonds ait pris "de nombreuses initiatives (...) et contribué à la recherche sur la corruption", il devrait renforcer "son engagement" dans ce domaine. Le FMI, qui s'inquiète de l'impact de la corruption sur la croissance des pays, a estimé qu'il peut mieux faire pour s'attaquer à ce phénomène mondial. Le bilan a signalé plusieurs domaines où l'action du FMI pourrait être renforcée. Quelques pistes sont ainsi avancées : "Etablir une meilleure méthodologie pour apprécier l'étendue de la corruption et son impact macroéconomique" ; "Développer une politique plus concrète et détaillée pour aider les gouvernements à s'attaquer à la corruption" ; "Fournir des évaluations plus réalistes sur le degré et le coût de la corruption quand elle mine la performance économique" ; "Assurer un traitement impartial de la corruption à travers les pays". Aussi, il a été recommandé de donner des orientations plus poussées aux services du FMI, d'entreprendre d'importants travaux d'analyse et de collaborer étroitement avec d'autres organismes dotés d'un savoir-faire spécialisé comme la Banque mondiale. Pour le FMI, "la corruption systémique a des effets particulièrement pernicieux sur les résultats économiques". La corruption peut nuire à la capacité d'un pays à assurer une croissance durable et inclusive en compromettant l'exécution des fonctions essentielles de l'Etat comme la conduite des politiques budgétaire et monétaire, l'élaboration et l'application de réglementations du marché, la supervision du secteur financier et l'ordre public et son respect. En outre, l'impact de la corruption sur la capacité de l'Etat à exercer ses fonctions s'accentue à mesure que la corruption devient plus systémique et critique : "La corruption systémique peut, qui plus est, creuser les inégalités en raison des distorsions de dépenses qu'elle provoque." Le coût exorbitant de la corruption fait qu'il est impératif pour le FMI de jouer un rôle moteur dans la lutte contre la corruption. La corruption engloutit chaque année 2% de la richesse mondiale et nuit au partage équitable de la croissance économique, avait estimé le FMI dans un précédent rapport publié en mai 2016. À eux seuls, les pots-de-vin versés chaque année sur le globe totalisent entre 1 500 à 2 000 milliards de dollars, soit pas loin du produit intérieur brut (PIB) français, avait-il détaillé. "Alors que les coûts économiques directs de la corruption sont bien connus, ses coûts indirects peuvent s'avérer encore plus substantiels", avait déclaré la directrice générale du FMI, Christine Lagarde. S. S.