Malgré la canicule, il y avait un grand nombre de militants politiques, de responsables locaux, de syndicalistes, de représentants du monde associatif mais aussi de proches et de lointaines connaissances de Mustapha Bacha à venir marquer cette journée commémorative marquant le 23e anniversaire de sa mort. 23 ans déjà, et les vieux militants de la démocratie et de la cause amazighe se rassemblent autour de sa tombe pour un hommage plein d'émotion et de reconnaissance à l'homme politique et au syndicaliste invétéré que fut le regretté Mustapha Bacha. La fondation qui porte son nom reste fidèle à la tradition pour que nul n'oublie même si, déplore-t-on ici et là, les jeunes brillent par leur absence. Après le dépôt de gerbes de fleurs, une prise de parole a été organisée. M. Aït Bachir dira en substance que "je l'ai rencontré avant la création du RCD, il était pourtant de gauche, toutefois, avec les témoignages d'autres amis de la fac centrale tels qu'Arezki Aït Larbi qui était connu pour le principe de ‘tamazight point', quand on devait agir pour tamazight, il mettait toute idéologie de côté pour s'occuper de la cause culturelle". Une femme d'un âge certain et ancienne amie de Mustapha dira aussi, la gorge nouée, que "comme on le sait, nous avons trouvé au parti un vrai militant qui avait lancé, à l'époque, un système de formation politique" avant qu'un ancien militant venu de Béjaïa ne déclare que "personne n'avait cru à la mort de Mustapha, il est mort d'épuisement, lui qui menait le combat depuis la période de clandestinité jusqu'à la création du RCD, mais comme il avait bon cœur, on peut dire qu'il est toujours parmi nous". Un poète de la fameuse émission "Nouva gueghriven" et ancien étudiant de l'Ecole polytechnique d'El-Harrach témoigne : "J'ai dit à mes frères de la fondation Bacha qu'à chaque fois que vous organiserez un hommage à sa mémoire, je viendrai même à plat ventre, car j'ai connu Mustapha en 1981 à la fac d'Alger avec les frères Belkacem Ath Chikh, Messaoudi Belkacem, Ben Mohamed, où le regretté Bacha se chargeait de l'évaluation du mouvement culturel. Il était autour de Salem Chaker pour le cours de berbère et Mouloud Mammeri pour les conférences, et à l'époque, il y avait des chanteurs engagés tels qu'Ideflawen." Pour le président de la fondation Colonel-Amirouche, "il n'y a pas de doute que cet homme était une référence pour les générations futures du RCD. Je ne l'ai pas connu, étant très jeune, mais il nous a légué quelque chose de très important, à savoir le manuel du militant où nous apprîmes le militantisme et le travail de gestion, comme nous avons découvert l'image d'un militant sincère et pur". Et comme à l'accoutumée, toute la foule s'est rendue ensuite au carré des martyrs de Tassaft pour déposer une gerbe de fleurs et se recueillir à la mémoire des chouhada, des victimes du terrorisme et de celles du printemps noir. Cette journée commémorative a pris fin autour d'un couscous de convivialité dans la zaouïa de Tassaft.