"Il faut que tout le monde sache que nous ne disposons pas de moyens humains et matériels suffisants pour accomplir notre mission", se défendent-ils. Bien qu'ils déplorent le décès, dans des conditions inacceptables, de la jeune parturiente de Djelfa et de son bébé, les agents médicaux et paramédicaux du service maternité du CHU Ibn-Rochd d'Annaba étaient encore sous le choc en apprenant la mise sous mandat de dépôt de cinq de leurs confrères par le procureur de la République près le tribunal de Djelfa. Selon des sages-femmes que nous avons pu contacter, hier, le médecin-chef, les 3 sages-femmes et l'aide-soignant exerçant au niveau des hôpitaux de Hassi Bahbah, d'Ouassara et de Djelfa ne méritaient pas un tel sort, la responsabilité directe de ces derniers, de leur point de vue, ne leur incombant pas dans ce cas d'espèce. Réitérant ses condoléances à la famille qui a été endeuillée par ce drame, Mme B. A., l'une des plus anciennes sages-femmes dudit service de maternité, explique qu'il ne viendrait à l'esprit d'aucun des professionnels de la santé d'abandonner à son sort une femme enceinte et a fortiori une parturiente qui présente des signes évidents de délivrance. "Je ne prends pas ici la défense de qui que ce soit, mais la situation pénible vécue à Djelfa, il y a une semaine, nous la vivons tous les jours malheureusement, et c'est un véritable miracle si nous n'enregistrons pas plus de décès au cours de nos interventions au cours des accouchements. Il faut que tout le monde sache que nous ne disposons pas de moyens humains et matériels suffisants pour accomplir notre mission. Le flux des patientes est tel au niveau des maternités qu'il nous arrive souvent d'être littéralement débordés par le nombre de femmes sur le point d'accoucher, qui nous viennent des wilayas de Guelma, de Souk-Ahras, de Skikda, et ainsi s'ajoutent à celles résidant à Annaba", explique notre interlocutrice, qui se plaint des conditions de travail, du manque de moyens et du sous-effectif dont souffrent les services de maternité. "Le manque de sages-femmes, de gynécologues et même de médecins anesthésistes, nous le ressentons quotidiennement. Il nous arrive de plus en plus fréquemment de doubler, voire de tripler les gardes. Et cela, les gens n'en sont pas informés. On préfère nous jeter la pierre quand un malheur comme celui qui a frappé cette famille de Djelfa ou encore ces autres de Blida et d'Oran, il y a à peine deux jours. Je vous le répète, nous sommes solidaires avec nos collègues et nous souhaitons leur libération immédiate", s'indigne encore notre interlocutrice. Renchérissant, une jeune infirmière employée au niveau de ce même service dit compatir, elle aussi, au décès tragique de la jeune parturiente de Djelfa et de son bébé. Fataliste, elle impute cette mort à un fâcheux concours de circonstances. "Notre collègue de l'hôpital de Djelfa était sûrement de bonne foi quand elle a orienté la patiente vers un autre hôpital étant donné que le médecin gynécologue était en congé de maladie. Que pouvait-elle faire d'autre sinon... ? Dans ce cas précis, il n'y a pas de négligence. Nous manquons de médecins et de lits, et cela, nul ne l'ignore. Pourquoi accabler ceux qui font de leur mieux pour que justement les services de maternité fonctionnent presque normalement ?", s'écrie presque cette jeune infirmière. A. Allia