L'Algérie, d'un commun accord avec le gouvernement nigérien, a rapatrié, depuis 2014, un total de 18 640 migrants vers le Niger, dont 6 000 enfants mineurs non accompagnés et 3 000 femmes. Le rapatriement de ces populations vers leur pays d'origine s'est déroulé sous la houlette du Croissant-Rouge algérien (CRA) qui a réussi à mobiliser plus de 20 000 bénévoles à travers le territoire national. Selon la présidente du CRA, Saïda Benhabylès, cette longue démarche a coûté la bagatelle de 80 milliards de centimes au Trésor public, dont plus de 60% a été consacré à la logistique et au transport. Contactée par nos soins, Mme Benhabyles a révélé que, durant les deux dernières opérations, l'Algérie a rapatrié 997 Nigériens, alors que le CRA a décidé de retenir 3 femmes enceintes, un nourrisson et 5 enfants pour des raisons de santé. Ces derniers, ne pouvant pas supporter le long trajet en cette période de grande canicule, ont été pris en charge par le CRA en attendant leur total rétablissement. Selon notre source, le rapatriement a été décidé en octobre 2014 quand le gouvernement nigérien a tranché cette question en mettant en avant la vulnérabilité de ces populations exploitées par des réseaux criminels aux frontières, avant de chuter dans plusieurs wilayas, notamment dans le Grand-Sud, où elles s'adonnaient à la mendicité. Devant ces conditions qualifiées de "périlleuses" par le gouvernement du Niger, des opérations de recensement ont été lancées, mais le CRA bute sur une sérieuse contrainte, à savoir le refus de ces populations de se stabiliser dans les centres de prise en charge. En ce sens, Mme Benhabylès citera le cas d'Ouargla qui abritait 2 000 Subsahariens avant que ce nombre ne soit réduit à une centaine après quelques semaines. Le rapatriement décidé, le CRA déploie ses bénévoles. L'itinéraire étant long de quelque 2 000 km jusqu'à la wilaya de Tamanrasset, le CRA a divisé ce trajet en cinq haltes pour permettre à ces populations de reprendre leur souffle et de bénéficier d'une prise en charge totale. Ainsi, d'Alger à Djelfa et Laghouat, en passant par Hassi-Lefhel (Ghardaïa) et In-Salah, jusqu'à la capitale du Hoggar, le cortège est assuré par les éléments du CRA qui veillent au grain. "Ce n'est pas chose aisée. Non seulement, nous n'avons pas de statistiques au CRA, mais ces populations sont instables et changent chaque fois de destination. Durant ces opérations, nous avons consenti davantage d'efforts pour arriver à l'objectif", a affirmé Mme Benhabyles qui déplore que ces populations refusent la scolarisation de leurs enfants, et ce, contrairement aux Syriens. À la question de savoir comment ces populations sont rapatriées à partir de Tamanrasset, notre source a indiqué que le CRA a mobilisé des chalets pour accueillir dignement ces migrants. Trois autres chalets sont installés pour abriter la mission du service consulaire de l'ambassade du Niger à Alger, seule autorité habilitée à délivrer des laissez-passer comprenant la filiation de chaque migrant. Une fois cette opération achevée, le CRA remet des paquets de denrées alimentaires aux migrants, à raison de 71 kg/personne, le temps d'arriver au Niger. "On accompagne ces migrants jusqu'à la ville d'Agadès où les autorités du Niger et la Croix- Rouge accueillent ces populations. Notre mission se termine une fois toutes les formalités administratives achevées", explique encore Mme Benhabyles.