Elle dénonce les pressions exercées sur des organisations comme la Laadh, SOS Disparus et le Snapap. La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a rendu public hier son rapport annuel 2004. Ciblant 90 pays, il traite des intimidations et des pressions exercées sur 1 154 défenseurs des libertés et 200 organisations impliquées dans ce combat à travers le monde. L'Algérie figure dans ce palmarès peu reluisant. Le harcèlement policier et judiciaire subi par des associations activant dans le champ politique, comme la Ligue de la défense des droits de l'Homme (Laadh) et SOS Disparus, ainsi que des organisations syndicales autonomes, comme le Syndicat national du personnel de l'administration publique (Snapap) y sont, notamment mis en exergue. Selon l'ONG internationale, “les défenseurs des droits de l'Homme dans (notre) pays sont opprimés”. Le sort réservé aux représentants de la Laadh de Ghardaïa justifie une large part de ses critiques. Revenant à l'origine de l'affaire, elle s'indigne de “la détention arbitraire” du docteur Fekhar, chef du bureau de la ligue et élu FFS, ainsi que de ses compagnons suite à une grève des commerçants de la ville en octobre dernier. Il y a quelques semaines, l'ensemble des détenus était remis en liberté. Cependant, en dépit de cet élargissement, l'Algérie demeure en mauvaise posture. Et pour cause, l'épisode de Ghardaïa est loin d'être un fait isolé, estime l'ONG. Les restrictions à l'expression imposées aux défenseurs des droits de l'Homme sont une autre pièce à charge. Il en est ainsi de l'interdiction de la tenue au mois de décembre d'une conférence de Me Ali Yahia Abdenour à Tizi Ouzou et de l'empêchement d'un sit-in des familles des disparus devant le siège de la Commission nationale pour la défense et la promotion des droits de l'Homme (CNPDDH). Ce rassemblement organisé en septembre avait pour objectif de protester contre la formule de l'indemnisation arrêtée par les pouvoirs publics pour régler définitivement l'affaire des disparitions attribuées aux services de sécurité durant la décennie noire. Sur le plan social, les velléités visant la déstabilisation des syndicats autonomes, le Snapap, notamment, retiennent l'attention de la FIDH. À cet égard, elle s'élève contre la tentative de mise en place d'une direction parallèle du Snapap. Ce n'est pas la première fois que la FIDH épingle l'Algérie dans ses rapports annuels. Ses bilans de la situation des droits de l'Homme dans notre pays sont étayés par les témoignages des ONG locales, comme la LAADH ou les associations des disparus, avec lesquelles elle entretient des rapports très étroits. Jeudi dernier, Mme Nassera Dutour prenait part à une conférence de presse, animée par Me Souhyr Belhassen, vice-présidente de la FIDH. La représentante de SOS Disparus a relevé des “actes de violence et d'intimidations” contre son association qui, dit-elle, “cherche la vérité”. Mme Dutour s'est insurgée, par ailleurs, contre le projet d'amnistie générale visant, selon elle, à clore le dossier des disparitions. S. L.