C'est, en définitive, l'absence du Président, en raison de son état de santé, qui a ouvert la voie à cette nouvelle pratique où se mêlent improvisation, approximation, attaques en règle, guerre ouverte, sans possibilité d'arbitrage. La tête du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, serait-elle déjà sur l'autel du sacrifice pour la pérennité du système ? C'est, en tout cas, à lui qu'échoit le rôle principal du feuilleton de cet été qui pourrait s'achever rapidement, selon les pronostics des observateurs, par le départ du chef de l'Exécutif dont les options ne semblent plus cadrer avec les objectifs du clan. Cela même s'il bénéficie d'une franche proximité avec le président de la République. Aurait-il été lâché ? À l'évidence c'est le cas, si l'on croit les messages distillés par la communication parallèle, devenue d'ailleurs, une pratique presque officielle du palais d'El-Mouradia. Des messages en réplique à ses décisions notamment concernant les opérateurs économiques qui pourtant, selon ses dires, portent le sceau du président Bouteflika. Et pourtant, à en croire ce qui a été rapporté par certains médias, c'est ce même président Bouteflika qui le recadre avec véhémence et lui intime l'ordre d'arrêter sa campagne de harcèlement des hommes d'affaires. Un changement d'attitude d'autant plus problématique que la sémantique utilisée dans l'instruction évoquée par les médias est loin de respecter les usages protocolaires et du fait qu'elle ne soit pas rendue publique, se sont ajoutées des prises de position franchement hostiles au Premier ministre matérialisées publiquement et de manière ostentatoire lors de l'enterrement de l'ancien chef de gouvernement Redha Malek à El-Alia. Qu'est-ce qui aurait motivé le sévère rappel à l'ordre d'Abdelmadjid Tebboune ? Où se situeraient ses erreurs, lui qui vient à peine d'être nommé ? Son opération main propre ordonnée par le président de la République, qui lui vaut d'être probablement agacé par le poids politique des "oligarques" ? Certainement pas, puisqu'il en est l'initiateur. Comme le prouve, d'ailleurs, la réaction du cercle autour du patron du FCE qui est perçue, pour le moins, comme un défi. D'où les légitimes doutes sur l'auteur de l'instruction écrite que personne n'a vue. Et le palais d'El-Mouradia, en l'absence du président de la République, n'en est pas à sa première en matière de communication par approximation. Tout le monde aura d'ailleurs remarqué que cette communication s'éloigne largement du style du Président même quand il était en colère contre ses ministres. Aussi, se réservait-il ses réprimandes pour ses sorties publiques pour admonester les ministres devant les journalistes. En revanche, ses réactions, quand il s'agit d'acte politique pouvant toucher à son image, sont sans appel. Ce fut le cas du voyage d'Ali Benflis, alors chef de gouvernement, à Paris où on lui a déroulé le tapis rouge. Il a été débarqué pour de bon. Et ce n'est pas le cas de Tebboune puisque, a-t-on justifié, sa rencontre avec le chef du gouvernement français était déjà prévue et que la campagne médiatique qui le cible avait commencé bien avant son voyage en France. En l'absence du Président, tout porte à croire que ce dernier ne pourrait pas être l'auteur des messages et de la dernière instruction adressés à son Premier ministre. Et c'est en raison de cette absence prolongée que nous assistons à ce cafouillage dans la communication de la Présidence. Un cafouillage qui nourrit les rumeurs et les supputations avec des projections sur l'échéance de 2019 sur fond de guerre de succession. En définitive, c'est l'absence du Président, en raison de son état de santé, qui a ouvert la voie à cette nouvelle pratique où se mêlent improvisation, approximation, attaques en règle, guerre ouverte, sans possibilité d'arbitrage, le Président étant régulièrement indisponible. Djilali B.