Les incendies survenus depuis le 1er juin dernier dans les wilayas les plus boisées du nord du pays, sont le fait de l'homme. Plus de 90% des sinistres déclarés à travers plusieurs régions du pays sont d'origine humaine, entre volontaire et involontaire. C'est ce qu'a affirmé Boumessaoud Abdelghani, le directeur de la protection du patrimoine forestier, à la direction générale des forêts (DGF). Lors d'une rencontre avec la presse jeudi, le représentant de la DGF n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour pointer du doigt la responsabilité humaine dans les dommages causés au tissu végétal national. Tout en rappelant qu'après chaque sinistre la DGF dépose plainte et se constitue partie civile. Il a évoqué des cas de pyromanie et des suspects ont même été arrêtés par les services de sécurité. "Jusqu'à présent deux pyromanes signalés dans les wilayas de Béjaïa et de Tizi Ouzou ont été écroués. L'enquête des services de sécurité a abouti et a confirmé leur implication directe. Aussi, 21 autres suspects ont été également arrêtés. Ce sont les auteurs présumés de ces feux. Et c'est la justice après instruction de l'affaire qui déterminera leur responsabilité", a précisé M. Boumessaoud. Ce sont les investigations menées par les services de sécurité qui vont faire la distinction entre pyromanes criminels et simples imprudents. De ce qui précède, Béjaïa et Tizi Ouzou figurent parmi les premières wilayas du Nord où le problème des feux a eu un impact désastreux sur le patrimoine forestier. Ces deux wilayas ont enregistré, selon le bilan de la DGF, respectivement 5 521 d'hectares et 2 811 hectares de parcours ravagés par les flammes. La "palme" revient jusque-là, à la wilaya de Skikda avec 5 938 hectares de superficie de broussailles et de maquis brûlés. C'est dire que les dégâts de la sinistre version 2017 sont graves et importants dans les 40 wilayas du nord du pays, en dépit du dispositif humain de prévention et de lutte mis en place pour surveiller 4,1 millions d'hectares de forêt. Outre les postes de vigie créés, pas moins de 7000 forestiers parcourent et protègent les centaines de milliers d'hectares de forêt. Cette catastrophe d'incendie, classée risque majeur au même titre que les séismes ou les inondations, a pulvérisé tous les records cette saison en terme des parcours ravagés par les feux. Les pertes occasionnées par le sinistre n'ont pas seulement touché le couvert végétal, mais aussi le bétail et les ruches. Des populations de montagne ont perdu leurs biens. Selon un bilan partiel dressé du 1er juin au 16 août en cours, pas moins de 2 121 foyers déclarés ont ravagé 31 941 hectares. Cette hausse de fréquence des feux et des dégâts provoqués, dépasse presque de quatre fois les dommages enregistrés durant la même période de l'année dernière, puisqu'il avait été enregistré 8 555 hectares de parcours touchés par le sinistre en 2016. Poursuivant sa lecture de ces faits désolants, le représentant de la DGF rappellera que les records enregistrés cette année en terme de catastrophe d'incendie sont enregistrés dans les wilayas de l'est et du centre du pays. Il imputera cette situation exceptionnelle aux raisons météorologiques conjuguées à la canicule très prolongée et au stress hydrique qui a sévi cette saison dans les régions du centre et de l'est du pays. Dans le même registre, il ne faut pas perdre de vue, dit-on, que le déficit pluviométrique connu dans ces régions a contribué au dessèchement de la végétation qui devient ainsi la proie facile des flammes. Avant de clore son intervention, M. Boumessaoud a rappelé que les équipes de la DGF resteront mobilisées sur le terrain jusqu'à la fin de la campagne de prévention et de lutte contre les feux de forêt, soit le 31 octobre prochain, ce qui laisse dire que le bilan définitif des situations des feux risque de s'alourdir davantage. H. H.