Des familles sont casées depuis plus de huit ans dans une partie de l'ancienne polyclinique de la ville de Tadjena, située au nord-est de Chlef. Elles attendent depuis un hypothétique logement. Elles sont pas moins de 16 familles, composées en moyenne de cinq membres chacune, à occuper cet établissement dans des conditions désastreuses, mais surtout dangereuses. Selon des témoignages recueillis auprès des habitants de cette polyclinique qui nous ont fait visiter les lieux, la situation est plus qu'alarmante à tous les niveaux et elle ne fait que prendre de l'ampleur. En effet, les habitations en question sont toutes entourées d'une importante quantité d'ordures mélangées à des eaux usées formées depuis bien longtemps. Les odeurs nauséabondes exhalées à partir de ces lieux se répandent à travers l'ensemble du quartier. À l'intérieur de l'établissement, mouches, moustiques et autres bestioles nuisibles envahissent complètement les lieux. “Nous sommes originaires de la localité rurale de Zerka. Certains de nous ont fuit ce douar pour des raisons d'insécurité, alors que d'autres l'ont fait suite aux terribles inondations qui avaient ravagé leurs habitations de fortune, en 2001”, dira un père de deux enfants. Et d'ajouter en désignant du doigt son bébé : “Regardez cette petite, la pauvre, elle est atteinte de plusieurs maladies depuis sa naissance. C'est le cas de l'ensemble des enfants qui logent dans cette polyclinique. Nous manquons d'eau potable et d'électricité. L'état impropre des lieux, comme vous le constatez, provoque des maladies graves chez chacun de nous”, ajoutera Mohamed, la cinquantaine passée et qui ne mâche pas ses mots à l'égard des élus de l'APC de Tadjena, qui ne veulent pas, selon lui, leur accorder des logements au centre-ville. “Des logements sont bien disponibles non loin de cette polyclinique, les voilà, et ils sont prêts à être distribués depuis bien longtemps. Alors, qu'attendent les autorités locales pour le faire ?”, s'interroge-t-il, ainsi que l'ensemble de ses voisins. Ces mêmes voisins, pères de famille et jeunes, ont beaucoup parlé de leurs problèmes vécus au quotidien dans cette ancienne polyclinique. “Nous avions vécu le calvaire des années durant dans cet établissement, et nous continuons toujours à le vivre ! Quant aux autorités locales dans notre commune, notre situation ne semble pas les concerner. Et pour preuve, ils veulent uniquement nous chasser des lieux car, d'après eux, des logements dans le cadre de l'habitat rural nous seront octroyés au douar Adjem, loin du centre-ville, et c'est ce que nous n'accepterons jamais tout simplement, parce que nous voulons, ainsi que nos enfants, vivre ici. Dans cette polyclinique, nous ne disposons même pas de toilettes, et nos besoins, nous les faisons dans des sachets ! Quant à l'eau, nous l'achetons à 10 DA le jerrican de 10 litres”, martèlent enfin les habitants de cet établissement, qui semblent déterminés à occuper les lieux, et ce, en attendant que des logements leur soient attribués à Tadjena-ville. Et c'est tout ce qu'ils souhaitent. La version de l'APC Le président de l'APC de Tadjena ainsi que d'autres élus de cette assemblée que nous avons rencontrés à ce sujet demeurent catégoriques et formels dans leur affirmation. Ils expliquent d'emblée que certains des occupants de cet établissement y ont été installés provisoirement suite aux inondations de 2001, au moment où les autres sont considérés tout simplement comme des intrus. “Nous n'assumons aucune responsabilité envers ces gens-là, tout simplement car ils occupent illégalement les lieux. Nous leur avions fait savoir, au lendemain de leur installation dans ces locaux, que c'était du provisoire, et ce, en attendant de leur trouver des solutions relatives à leur relogement définitif. Et c'est dans le cadre de l'habitat rural que nous leur avions réalisé des logements dans la localité de Adjem”, feront savoir MM. Denden et Baghdadi, respectivement président et vice-président de l'APC. Ils enchaîneront : “À notre grande surprise, cinq familles seulement ont accepté notre offre et, d'ailleurs, elles ne tarderont pas à être transférées vers leurs nouveaux logements à Adjem. Trois autres ont préféré rejoindre leurs habitations initiales à Zerka ou à El-Ayachiche, tout en bénéficiant de l'aide relative à l'habitat rural, également. Maintenant, pour ce qui est des familles qui refusent nos propositions, et qui veulent avoir des logements au centre-ville de Tadjena, nous leur feront savoir qu'il est totalement impossible de le faire, étant donné que plus de 700 dossiers, dans le cadre du social, sont actuellement en étude, alors que nous ne disposons que de 32 logements seulement.” Pour les mêmes élus, enfin, la balle est désormais dans le camp de ces familles, “qui vont être prochainement délogées, car nous sommes dans le besoin de récupérer cette polyclinique qui doit retrouver sa vocation initiale”. A. C.