Inimaginable «Depuis deux ans, j?habite dans ces lieux et je n?en peux plus. Nous avons déboursé 2 millions de centimes pour supprimer le tas d?ordures laissé par les anciens locataires.» Hamida est âgée de 27 ans. Elle est mariée et a deux enfants. Elle occupe ces lieux avec sa petite famille depuis deux ans seulement. C?était au lendemain du relogement des familles qui occupaient les lieux. Elle n?en peut plus de ses conditions de vie. Cependant, elle n?a pas le choix. Dans sa famille comme chez sa belle-famille, la cohabitation n?est pas possible. La jeune femme relève : «Nous avons payé 2 millions de centimes pour nettoyer le tas d?ordures laissé par les anciens locataires.» Cette locataire ne trouve pas les mots pour décrire son quotidien. Elle a seulement noté que sa «petite famille cohabite avec des locataires assez spéciaux : des rongeurs de taille inimaginable». D?ailleurs, le spectacle se passe volontiers de commentaire. Il s?agit d?un long couloir longé de part et d?autre de chambrettes, visiblement détruites par les autorités locales dès le déménagement des huit familles bénéficiaires de logements sociaux. Seules les deux pièces, menaçant ruine, qu?occupe la famille de Hamida, sont plus ou moins meublées. Les autres ont été transformées en dépotoir pour articles ménagers en panne délaissés par des tiers. D?autres sont des dépotoirs. Même si les lieux ont été plus ou moins nettoyés, l?odeur est asphyxiante. Impossible de rester plus longtemps. Des interrogations s?imposent : comment cette famille résiste-t-elle quotidiennement à ces odeurs nauséabondes ? Comment les membres de cette famille passent leur journée et leur nuit sous un toit qui ne tient plus qu?à un fil ? Comment ces enfants survivent-ils au froid de l?hiver et à la chaleur de l?été, aux moustiques, aux bestioles, aux poussières des amas de murs détruits ? Comment peut-on vivre dans de telles conditions. La jeune femme a confié qu?ils n?ont postulé à aucun logement de quelque formule que ce soit, car ils n?en ont pas les moyens. «Nous ne pouvons même pas nous permettre un logement social», a-t-elle indiqué. - Le lot de pseudologements, situé au 59 bis Askri-Hacène, dans la commune de Oued Koreïch, appartenait, avant l?indépendance, à Yaoun, un juif d?Algérie. Selon certains témoignages, ces logis, qui étaient à l?origine des box d?écurie pour ânes, sont devenus des logements après l?indépendance.