Durant cet été, l'Opep et ses alliés ont enchaîné les réunions pour faire tenter de rassurer les marchés. Après Saint-Pétersbourg (24 et 25 juillet) et Abu Dhabi (7 et 8 août), les signataires de l'accord de réduction de la production se sont retrouvés lundi à Vienne pour réunion mensuelle de suivi de l'accord. Cette réunion devait être l'occasion de faire le point tout particulièrement sur le degré d'engagement des membres les plus indisciplinés et qui ont promis de respecter leurs engagements lors de la réunion tenue à Abou Dhabi. Des promesses émises après les reproches faits, à Saint-Pétersbourg, par le ministre saoudien de l'Energie, Khalid Al-Falih, aux pays n'ayant pas pris leurs engagements au sérieux. Même si les observateurs n'attendaient pas que cette réunion puisse aboutir à des annonces significatives, le marché était, lui, attentif à des pistes menant à des mesures à prendre pour améliorer encore la conformité à ces engagements, d'autant que ces derniers mois ont été marqués par une hausse de la production de plusieurs pays signataires. Au final, il n'en fut rien. La seule annonce faite, c'est que l'Opep fera le point en novembre sur l'accord de réduction de la production en vigueur depuis le début de l'année afin de décider s'il y a lieu de le prolonger ou d'y mettre un terme. "Lors de notre prochaine réunion, fin novembre (...) les éléments les plus importants concerneront le sort de l'accord afin de savoir s'il faudra prolonger ou cesser la réduction de la production", a déclaré Essam el Marzouk, le ministre du Pétrole koweïtien, à Kuwait TV. Pour l'heure, le programme court jusqu'en mars prochain après une première prolongation de six mois décidée en début d'année. Les stocks pétroliers ont diminué plus que prévu ces dernières semaines, a encore observé le ministre. Des déclarations qui ne sont pas assez pour rassurer le marché. Outre la production américaine qui pose problème, le dernier rapport sur la production des pays Opep de juillet relevant des hausses de production de brut enregistrées dans plusieurs pays membres, a semé le doute quant au respect de l'accord. L'Opep a dit au début du mois attendre un meilleur respect de son accord de baisse de production, au terme d'une réunion de deux jours avec d'autres producteurs à Abou Dhabi qui avait surtout servi à tancer quatre pays à la traîne des efforts engagés pour rééquilibrer le marché mondial. À chaque réunion, les signataires de l'accord confirment leur engagement envers l'accord mais sans proposer de solution concrète pour atteindre leurs objectifs de production. L'Irak et les Emirats arabes unis, membres de l'Opep, ne respectent pas leurs obligations selon les sources secondaires que l'Opep utilise pour surveiller sa production. De même, le Kazakhstan et la Malaisie, non-membres de l'Opep, ont augmenté leur production ces derniers mois, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE). La reprise en main du marché par l'Opep a été actée en septembre 2016 à Alger lors d'un sommet historique de l'Opep qui s'est tenu en marge du 15e Forum international de l'énergie. Il avait débouché sur un accord retentissant, conclu le 10 décembre 2016 à Vienne, en Autriche. Mais, depuis, la crédibilité retrouvée de l'Opep n'a pas fait long feu. La dynamique semble s'essouffler au gré des impératifs économiques de chaque pays signataire. Saïd Smati