Le président français estime qu'il n'y a pas d'autre choix et prône "une relation exigeante et constructive" avec Téhéran. Le président français Emmanuel Macron s'est ouvertement opposé hier à la volonté de son homologue américain Donald Trump de remettre en cause l'accord sur le nucléaire avec l'Iran, lors d'un discours offensif à l'Elysée devant les ambassadeurs français. "Je veux confirmer l'attachement de la France à l'accord nucléaire iranien. Il n'y a pas d'alternative" à cet accord que les différentes parties ont mis des années à négocier sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), a souligné le président français, prônant "une relation constructive et exigeante avec l'Iran". Pour Emmanuel Macron, il n'est pas question que la France s'aligne sur les positions des Etats-Unis dans ses relations avec le monde. Alors que Donald Trump menace de revenir sur l'accord nucléaire conclu avec l'Iran en 2015, Macron estime qu'il faut au contraire le préserver. Dans un discours de politique étrangère devant les ambassadeurs hier à l'Elysée, il a affirmé que la France reste attachée à l'accord. Sa mise au point intervient au moment où la Maison-Blanche fait planer le doute sur le maintien de cet arrangement inespéré. La semaine dernière, Nikki Haley, ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU, s'est rendue au siège de l'AIEA pour demander à ses inspecteurs si leurs missions de contrôle ont été exhaustives. "L'Iran n'est pas un pays à qui on peut faire confiance", a-t-elle affirmé dans une interview au Washington Post. Trump lui-même a déclaré que Téhéran ne respecte pas l'accord, le qualifiant "d'horrible". Au début du mois d'août, il a fait monter la pression d'un cran en menaçant l'Iran de nouvelles sanctions en lien avec son programme de missiles balistiques. Durant sa campagne électorale, le successeur de Barack Obama avait révélé qu'il allait "déchirer" l'accord sur le nucléaire, estimant que "c'est le pire accord paraphé par les Etats-Unis". Pour rappel, cet arrangement qui implique aussi la Russie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la Chine prévoit un contrôle de la nature pacifique du programme nucléaire en échange d'une levée progressive des sanctions infligées à l'Iran depuis 1995. La France a fait jouer sa diplomatie pour parvenir à un traité. Outre les Etats-Unis, il fallait convaincre Israël et les pays du Golfe de sa solvabilité. L'ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui avait pris part aux discussions, avait qualifié l'accord d'historique, estimant qu'il allait "faciliter, s'il est pleinement respecté, une normalisation des rapports internationaux de l'Iran". La France elle-même avait beaucoup à gagner en parvenant à un accord. L'embargo économique a coûté cher aux entreprises françaises qui ont vu leurs parts de marché dans le pays passer de 7% à 1%. Depuis le dégel des relations entre Téhéran et l'Occident, Paris s'emploie à rattraper le temps perdu. En 2016, le président Hassan Rohani s'est rendu en visite officielle en France où il a rencontré les chefs de grandes entreprises. Sa réélection à la tête de l'Iran en mai dernier a été vivement saluée par le président Macron qui lui a adressé un message de félicitations. S. L-K.