Les souscripteurs estiment que le projet n'a que trop duré et ils ne peuvent plus attendre, dénonçant un ajournement sans raison. Les listes des 812-logements sociaux destinées à la ville de Bouira et surtout le retard dans leur affichage font gronder le Tout-Bouira. Et pour ne rien arranger à la situation, les services de la wilaya ont instauré un véritable "black-out" médiatique sur le sujet. Toutefois, une source proche de la daïra de Bouira, laquelle requiert l'anonymat, a livré les véritables raisons de ce retard et le moins que l'on puisse dire est que les visions de l'ex-wali de Bouira est celui de son successeur à propos de ces logements sont diamétralement opposées. La date de la mi-septembre avancée À en croire cette source, les logements situés à proximité du futur pôle urbain de Bouira sont loin d'être achevés. "Les travaux des VRD ne sont pas encore réalisés, les canaux d'assainissement ne sont pas encore raccordés et c'est également le cas pour le gaz et l'électricité", a-t-elle confié. Cette source affirme également que le nouveau wali de Bouira, aussitôt revenu de son congé annuel, a procédé à l'inspection de ces logements et, selon elle, le wali Limani était "choqué". "Le 9 août dernier, le wali, en compagnie des responsables de la daïra et ceux de l'OPGI, a inspecté ces logements. Il était hors de lui", précise notre source, qui souligne que même les responsables de l'OPGI de Bouira se sont opposés à l'affichage. "Lors de cette inspection, les responsables de l'OPGI de Bouira ont formulé de nombreuses réserves quant à l'affichage de ces listes, et après consultation avec nos services (daïra, ndlr), la décision a été prise de retarder l'affichage", souligne ce responsable à la daïra de Bouira. Selon ce dernier, la commission de sécurité aurait donné son feu vert pour l'affichage de ces listes, estimant que la situation était "maîtrisable". Interrogée à propos des réticences du wali de Bouira, à afficher ces listes et de ce fait mettre un terme à ce feuilleton de l'été, notre source notera que "contrairement à l'ancien wali, l'actuel n'en a que cure de l'effet médiatique". "Le wali Limani est un homme extrêmement posé et ne souhaite qu'une seule chose : en finir une fois pour toutes avec ce dossier et qu'il n'y est aucune réclamation par la suite", a-t-elle insisté. Ce cadre de la daïra lâchera à propos de l'ex-wali de Bouira. "C'est un cadre de l'Etat dynamique certes, mais il affectionne le populisme (...) en annonçant publiquement l'affichage pour le 26 juillet dernier, il savait pertinemment que ces logements ne seront jamais prêts dans les délais." À la question cruciale : quand ces listes seront-elles affichées, notre source dira avec une certaine hésitation : "Probablement à la mi-septembre", "mais tout dépendra du rythme des travaux", a-t-elle conclu. "Libérez-nous de cette attente !" Cependant les demandeurs de ces logements ont du mal à cerner la vision du wali. Pour eux, affichage ne signifie pas forcément distribution. "On veut uniquement connaître les bénéficiaires, juste pour avoir le cœur net et ne pas fonder de faux espoirs", déclare M. Hemmal Boudjemaâ, président de l'association des demandeurs de logements de Bouira. Pour notre interlocuteur, lui et ses compagnons d'infortune sont prêts à attendre la distribution, mais n'en peuvent plus de l'attente de savoir s'ils feront partie ou non des heureux bénéficiaires. "Chaque jour que Dieu fait, ma petite fille me pose et repose la même question : ‘Papa quand est-ce que on démange ?' (...) Je veux lui répondre une fois pour toutes", avouera M. Hemmal. Pour d'autres demandeurs, qui ne cessent de manifester leur mécontentement, la situation actuelle est intenable. "Nous ne pouvons plus supporter ce feuilleton interminable fait de mauvais épisodes et qui n'apportent que déception sur déception." De son côté, M. Yahiaou Madjid, président du comité des demandeurs de logement du quartier de l'Ecotec, "il y a urgence" à rendre public ces listes. "Cela fait plus de 15 ans que nous attendons ces listes. En août 2014, nous avons été lésés lors du premier quota et depuis nous attendons avec impatience ces listes. Il est vraiment urgent de les afficher car notre patience a atteint ses limites", dit-il. Quoi qu'il en soit, la conception des pouvoirs publics de vouloir livrer ses logements avec toutes les commodités de base est légitime est compréhensible. Néanmoins, elle se heure à la détresse et l'impatience tout aussi légitime des demandeurs. RAMDANE BOURAHLA