Résumé : Nacéra avait oublié son paquet. Elle sera surprise lorsque l'homme du restaurant l'interpellera pour le lui remettre. Il en profitera aussi pour se présenter et lui donner sa carte de visite. Nacéra regarde son paquet avant de le tendre à son amie : -Tiens. Mets-le dans ton sac, le mien est trop petit. Je n'aimerais pas encore l'oublier quelque part. -Et moi donc ? -Toi tu ne risque pas d'oublier un grand sac à main comme le tien (elle rit). Et si tu l'oublies, tant pis. Peut-être que quelqu'un d'autre le retrouvera et courra cette fois-ci après toi, pas après moi. -Cette blouse sera alors un porte-bonheur pour nous deux. Cela existe finalement. Pas convaincue pour un sou, Nacéra hausse les épaules et précède son amie vers la grande avenue. Elles flânèrent et firent plusieurs magasins, et c'est les bras chargés qu'elles consentirent enfin à prendre un taxi pour rentrer chacune chez elle. Sur le chemin du retour, Nacéra repense à Maïssa. Sa sœur vit une situation dramatique. Elle tente de chasser les idées noires qui commençaient à submerger son esprit, puis soupire. Dire qu'elle venait de passer une agréable journée et qu'elle avait même vécu un moment romantique. Elle ébauche un sourire en repensant à ce bel homme qui l'avait suivie pour lui remettre son paquet. Il avait très belle allure, se dit-elle. Un véritable don Juan. -Il est bien beau. Comme si elle lisait en elle, Hind la surprend encore une fois : -Je le trouve très mignon et très élégant dans son complet noir. C'est un homme qui a de la classe et qui ne semble pas dans le besoin. Tu as vu son véhicule ? Nacéra hausse les épaules : -Oui et alors ? Tu sais bien que je pourrais me permettre un véhicule bien plus élégant si je le voulais. -Je te parle de l'homme. Il n'a pas l'air non plus d'être dans le besoin, ce qui ne gâche rien. Là au moins, au cas où votre idylle prenait une autre tournure, tu sauras qu'il ne s'intéresse pas à ton argent. -Tu vas trop vite en besogne, Hind. Cet homme a été juste galant. Je ne vois pas pourquoi tu parles d'idylle. -C'est mon petit doigt qui l'a suggéré. Et mon petit doigt ne se trompe jamais. Nacéra était arrivée dans son quartier. Hind, qui devait descendre plus loin, la retint par le bras au moment où elle allait quitter le taxi : -Tu devrais appeler ce Djamel. Heu... c'est bien son prénom, n'est-ce pas? Nacéra se dégage et ouvrit la portière du véhicule avant de répondre : -Hind, je te remercie pour cette excellente journée que nous venons de passer ensemble. J'ai vraiment apprécié le déjeuner, les courses et chaque minute m'a été très agréable. Pour le reste, je crois que je ne suis pas celle qui n'attend qu'un signe d'un homme pour se jeter dans ses bras. Je sais que tu veux me montrer comment font les femmes pour s'accrocher aux hommes. Hélas, je crois que j'ai dépassé l'âge de jouer aux amourettes et celui de rêver devant un feuilleton à l'eau de rose en pleurant sur les déboires amoureux d'une femme en manque de séduction. Sur ce, je te souhaite une bonne soirée. Nacéra claque la portière et se dirige tout droit vers son immeuble. Hind se met à la héler, puis demande au taxieur de l'attendre, avant de courir derrière son amie : -Nacéra ! Nacéra ! Nacéra se retourne : -Quoi donc ? Tu as oublié un autre précieux conseil pour me pousser dans un gouffre de rencontres galantes et de sentiments qui n'existent que dans ta tête ? Essoufflée, Hind brandit un paquet : -Non, ce n'est pas moi qui ai oublié quelque chose, ce serait plutôt toi. (À suivre) Y. H.