Outre la prestation d'Ahmed Ouyahia qu'ils seront appelés à apprécier, les parlementaires auront à débattre et à adopter la loi de finances 2018. Les parlementaires reviennent, aujourd'hui, dans l'hémicycle à l'occasion de l'ouverture de la session annuelle ordinaire 2017-2018. Cette session qui coïncide avec la rentrée sociale très appréhendée aussi bien sur le plan économique que politique, est attendue particulièrement pour débattre du plan d'action du nouveau Premier ministre, Ahmed Ouyahia, mais aussi d'une batterie de textes de loi, la loi de finances 2018 plus particulièrement. La désignation inattendue d'Ahmed Ouyahia en remplacement d'Abdelmadjid Tebboune et le léger remaniement du gouvernement qui s'en est suivi donne à cette rentrée parlementaire un cachet un peu particulier, tant est que les députés et sénateurs auront à débattre de nouveau d'un plan d'action du gouvernement. Un plan d'action qu'on imagine remanié profondément par rapport à celui présenté il y a quelques mois par le Premier ministre sortant. C'est un secret de Polichinelle que de dire qu'Ahmed Ouyahia soumettra à débat une feuille de route aux antipodes de celle prônée par son prédécesseur. Ceci, même s'il avait affirmé à l'occasion de sa récente rencontre avec le patronat et l'UGTA, avoir hérité de "la même feuille de route" dictée auparavant à Tebboune par le président Bouteflika. Outre la prestation d'Ahmed Ouyahia qu'ils seront appelés à apprécier, les parlementaires auront à débattre et adopter la loi de finances 2018. Connu pour sa vision économique plutôt libérale, et étant donné la crise financière qui affecte le pays à cause du déclin des recettes pétrolières, l'opinion appréhende une loi de finances des plus impopulaires, sous le gouvernement Ouyahia. Ce qui est redouté le plus, c'est surtout l'introduction de nouvelles taxes et/ou l'augmentation de celles déjà en vigueur, ou encore la révision à la hausse des prix de certains produits subventionnés dont l'électricité et le carburant. À se fier aux récentes déclarations d'Ahmed Ouyahia qui a préconisé "la privatisation d'un nombre d'entreprises publiques dont la situation financière se détériore en raison des problèmes liés au plan de charge et à la gestion", les observateurs appréhendent surtout l'éventualité de l'introduction de nouvelles dispositions pour favoriser cette privatisation. Une éventualité sur laquelle des partis de l'opposition n'ont d'ailleurs pas manqué d'alerter depuis le rappel d'Ouyahia à la tête du gouvernement. L'autre projet de loi, non moins controversé, attendu à l'occasion de cette session parlementaire, reste incontestablement celui relatif à la loi sur la santé. Ce projet de loi, faut-il le rappeler, devait être débattu et adopté durant la précédente session parlementaire avant qu'il ne fasse l'objet d'un ajournement pour le moins inexplicable. Ceci, quand bien même le gouvernement, alors sous la houlette d'Abdelmalek Sellal, avait justifié cette décision par l'approche des élections législatives, donc par l'insuffisance du temps qui restait à la précédente législature. Ce qui reste loin de convaincre certains partis de l'opposition dont le PT de Louisa Hanoune qui alerte régulièrement sur ce projet de loi qui, selon lui, serait conçu pour favoriser le secteur privé au détriment du secteur public de santé. Ce projet de loi est parti pour faire l'objet d'un débat chaud au Parlement. Outre ces deux projets de loi, les parlementaires auront à examiner environ une vingtaine d'autres lois, appelées à être mises en conformité avec la nouvelle Constitution de février 2016, durant cette session qui s'étalera exactement du 4 septembre 2017 au 2 juillet 2018. Farid Abdeladim