Madagascar connaîtra son prochain président en 2018. Neuf ans plus tôt, la « révolution orange » bouleversait Antananarivo pendant trois mois. Andry Rajoelina, alors maire de la capitale, devenait Président de la transition aux dépens de Marc Ravalomanana, parti s'exiler en Afrique du Sud. L'échéance de 2018 donnera l'occasion aux deux hommes politiques de se disputer de nouveau la magistrature suprême. Le 17 mars 2009 coïncide avec la démission du Président en exercice de Madagascar depuis 2002, Marc Ravalomanana. Son abdication fait suite à la « révolution orange » du début d'année 2009 qui a plongé pendant trois mois la Grande île dans un climat social anxiogène. Les manifestations s'étaient multipliées sur la place du 13 mai d'Antananarivo. Andry Rajoelina, maire de la capitale malgache, menaçait le pouvoir en place par sa popularité. En 2007, l'ancien disc-jockey y avait été élu maire dès le premier tour avec 63,7% des suffrages exprimés contre un candidat du parti présidentiel. Pour tenter de le discréditer, Ravalomanana avait instrumentalisé la JIRAMA – compagnie nationale d'eau et d'électricité – en provoquant des coupures dans la capitale. La chaîne de télévision Viva appartenant à Rajoelina avait aussi été fermée. Fort de son aura auprès du peuple malgache, Rajoelina s'était proclamé dans la foulée Président de la transition avec le soutien de l'armée. Ravalomanana, lui, s'était exilé en Afrique du Sud et n'était revenu à Madagascar qu'en octobre 2014. Depuis la « révolution orange », Madagascar demeure l'un des pays les plus pauvres au monde. Le revenu moyen mensuel par habitants des malgaches culmine approximativement à 36 dollars. La corruption dans les sphères politique se perpétue. Au classement de l'Indice de perception de la corruption (IPC) établi par l'ONG Transparency International, Madagascar est classé 145è sur 176 pays. Président investi depuis 2014 à la fin de la transition, Héry Rajaonarimampianina peine à séduire. Son bilan est jugé catastrophique par l'opposition. Il avait pourtant été le candidat soutenu par le populaire Rajoelina lors de la précédente campagne. Pour les prochaines élections présidentielles prévues en 2018, Rajaonarimampianina sera certainement candidat. Selon le site d'information Midi Madagascar, « en multipliant les inaugurations et en vantant les réalisation de son régime, Rajaonarimampianina est déjà entré en campagne ». Sa candidature n'a toutefois pas été annoncée officiellement. Idem pour Andry Rajoelina qui devrait annoncer officiellement sa candidature à la magistrature suprême d'ici la fin de l'année 2017. Seul mastodonte de la politique malgache à avoir officiellement annoncé sa participation à l'élection, l'ex-président Marc Ravalomanana. Cet été, ce sont deux manifestations de son parti, le Tiako i Madagasikara (TIM « j'aime Madagascar »), qui ont été interdites par les autorités. L'une était prévue à Tamatave. L'autre à Antananarivo, ville dans laquelle la femme de Ravalomanana officie aujourd'hui comme maire en succédant implicitement à Rajoelina. Marc Ravalomanana a d'ailleurs été l'un des conseillers de sa femme à la tête de la mairie. La campagne présidentielle pour les élections de 2018 devrait être un match retour entre les deux anciens présidents Andry Rajoelina et Marc Ravalomanana. Nicolas KERAUDREN Pour la Rédaction Digitale de "Liberté" (#RDL)