Les annonces contradictoires du Premier ministre et du ministre de l'Industrie sur la question ajoutent une couche au flou général qui entoure actuellement le dossier. En marge de l'ouverture de la session parlementaire ordinaire pour l'année 2017-2018 de l'Assemblée populaire nationale (APN), le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui défendait les projets de montage des véhicules en Algérie, avait signifié qu'il écartait l'idée d'une révision du cahier des charges de l'activité de montage de véhicules. Les constructeurs automobile se font faits à cette annulation. Mais à l'occasion de sa visite, lundi, à Blida, le ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi a annoncé la finalisation imminente du cahier des charges régissant ce secteur. Au même titre que le Premier ministre qui n'avait donné aucune explication sur l'annulation de la révision, le ministre de l'Industrie et des Mines n'a également pas donné de précisions sur le contenu de cette révision. Ces deux déclarations, faites en l'espace de quelques jours, prennent l'allure d'un cafouillage gouvernemental qui ne procure pas de visibilité pour l'investissement dans ce secteur déjà mis à mal par une politique industrielle défaillante. Pour rappel, le nouveau cahier des charges régissant l'industrie automobile devait être annoncé selon l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, en octobre prochain. Sa première étape de réalisation par les experts du ministère de l'Industrie et des Mines avait été finalisée fin juillet. Selon les premières informations qui avaient fuité, ce texte devait exiger aux opérateurs, à moyen terme, "d'exporter une partie de la production et une participation minimale du partenaire étranger dans le capital des sociétés algériennes créées". Mahdjoub Bedda qui avait fait une fixation sur ce secteur avait taclé son prédécesseur du département de l'Industrie et des Mines, estimant qu'après deux années d'espoir, les résultats escomptés du secteur de l'automobile sont quasi nuls. Il faut dire que l'aventure de la construction automobile en Algérie a connu deux étapes. Celle euphorique du début qui coïncidait avec la mise en place de l'usine Renault, avec tous les espoirs qu'elle a suscités. Et celle du désenchantement charriée par le scandale de l'usine TMC (Tahkout Manufacturing Company) de Tiaret qui avait au final révélé l'indigence du cahier des charges. L'annulation de la révision du cahier des charges annoncée par le Premier ministre suggère un retour vers le texte de loi datant de l'ère Bouchouareb alors que la finalisation imminente du cahier des charges, annoncée par le ministre de l'Industrie et des Mines pourrait faire penser à la poursuite du travail sur la révision déjà lancée par l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda. Une clarification est plus que nécessaire. En effet, au jour d'aujourd'hui, les constructeurs automobile ont besoin de plus de visibilité sur le sujet pour pouvoir s'adapter au nouveau paysage législatif algérien concernant le montage automobile et la sous-traitance. Auquel cas, on assistera à un remake des expériences passés, avec leur lot de déconfitures. Saïd Smati