"Pourquoi le livre scolaire se fait-il rare dans les établissements scolaires, mais est disponible dans les librairies privées ?" s'interroge le SG du Satef, qui n'hésite pas à pointer du doigt des directeurs d'établissements scolaires "véreux". À chaque rentrée scolaire, c'est toujours la même rengaine. Les manuels scolaires ne sont pas tous disponibles au sein des établissements scolaires, poussant les parents d'élèves à se rabattre sur les librairies privées et sur les points de vente de l'Office national des publications scolaires (ONPS) devant lesquels, ils doivent se pointer dès les premières heures de la matinée, pour aspirer dénicher les livres qui leur manquent. Mais en dépit des heures passées à faire le pied de grue et des longues chaînes, les parents d'élèves ne sont pas souvent au bout de leur peine. Une semaine après la rentrée scolaire, certains livres de la deuxième génération manquent toujours. Pour la tutelle, le ministère de l'Education en l'occurrence, cette situation était pourtant prévisible. En effet, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, n'a raté aucune de ses sorties pour rassurer les parents d'élèves quant à la disponibilité des manuels scolaires, malgré le retard que pourrait connaître l'opération de distribution durant les quinze premiers jours. Afin de dissiper les inquiétudes des parents d'élèves, la ministre avait expliqué que les enseignants n'auront pas besoin d'utiliser le livre scolaire dès la rentrée, mais 15 jours après. En ce sens, que cette période est censée, selon elle, être utilisée par l'enseignant pour l'évaluation des connaissances de l'élève. Cette période s'appelle l'évaluation diagnostique du niveau des acquisitions des élèves, a expliqué la ministre, suggérant, toutefois, qu'un retard dans la distribution de certains manuels pourrait être observé, pour cause de retard d'homologation, puisque, rappelle-t-elle, un manuel passe au minimum par 15 évaluateurs, à partir de la commission d'homologation, jusqu'à l'inspection qui met en place des commissions d'évaluation du manuel. Mais, ce que ne dit pas la ministre est que ce retard pourrait avoir été causé par le chamboulement du programme de son secteur, dû à l'organisation de la seconde session du baccalauréat, introduite sans consultation des professionnels du secteur, ni des partenaires sociaux. Cette décision politique n'a pas manqué d'avoir des conséquences sur les départs en congé des personnels du secteur, à tous les niveaux, mais également sur ceux activant au sein de la commission d'évaluation et de validation des contenus des nouveaux manuels. Une situation qui ne peut, cependant, expliquer, à elle seule, les perturbations qui ont accompagné la rentrée scolaire. Le secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, que nous avons joint hier par téléphone, nous a expliqué que "la disponibilité du livre scolaire est un des problèmes redondants et qui a pour cause principale le défaut de planification et d'anticipation des responsables en charge de la question". Car, pour lui, la rentrée scolaire aurait dû être préparée dès le 15 août, pour que les livres scolaires et les cantines soient prêts à la rentrée. "Le livre de langue arabe de la 3e année moyenne n'est arrivé dans aucun établissement de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Mostaganem", a indiqué notre interlocuteur qui a tenu à relever un problème de taille : le livre de mathématiques qui est parmi les sept livres qui ne seront pas édités cette année, ne sera pas disponible car, "il n'y aura ni l'ancien livre ni le nouveau pour cette matière", explique-t-il. "Pourquoi le livre scolaire se fait-il rare dans les établissements scolaires, mais est disponible dans les librairies privées ?", s'interroge le SG du Satef, qui n'hésite pas à pointer du doigt des directeurs d'établissements scolaires "véreux" qui, selon lui, "vendent les quotas de livres scolaires réservés à leurs établissements à des libraires véreux". "On retrouve aussi les nouveaux livres dans les librairies privées, parce qu'ils sont puisés sur les quotas qui devraient revenir gratuitement aux orphelins, victimes du terrorisme et autres élèves issus de familles démunies", explique notre interlocuteur. En outre, M. Amoura nous a révélé qu'à Mila, les portes du Centre régional de distribution des publications scolaires (CRDP) sont fermées faute de livres à distribuer. AMAR R.