Tel est le constat établi lorsqu'il s'agit d'une ville qui était, dans un passé récent, le symbole du savoir, de la beauté et de la quiétude. Comment, en si peu de temps, Bou-Saâda a-t-elle pu se dégrader de façon aussi spectaculaire, voire inquiétante ? Des rues qui n'ont que le nom, des chaussés éventrées comme si elles ont été la cible d'un bombardement, des eaux usées qui coulent un peu partout, causées par le dysfonctionnement des réseaux d'assainissement… Au centre-ville, c'est le grand cirque. À 10 heures du matin, tout le monde est là. Il y a de quoi jurer que personne ne travaille : les cafés sont pleins et les artères principales sont transformées en lieux de rendez-vous de tous les Bousaâdis. On a l'impression d'être dans les tribunes d'un stade qui abrite un derby. Et pour compléter le tableau, on doit ajouter les mendiants qui sont postés à chaque coin de rue, sans oublier, bien sûr, les vendeurs de cigarettes qui, au fil du temps, ont fait des trottoirs leur propriété privée… Toute cette dégradation se passe sous le regard docile des autorités locales. Soulignons à la fin que Bou-Saâda est la victime d'une gestion boiteuse, pour ne pas dire absente, en plus du manque de civisme de ses citoyens. M. S.E.