À Constantine, la sardine d'une taille inférieure à 7 cm était proposée à 200 DA le kilo, mais peu d'acheteurs. À l'inverse des prix des autres produits de consommation, ceux de la sardine ont connu, ces derniers jours, une chute vertigineuse en passant de 400-500 DA à 100-250 DA le kilo et au détail. Ce net recul des prix, constaté ces derniers jours, découle de l'abondance de l'offre à travers l'ensemble des villes - ports de pêche du pays. Une offre qui dépasse la demande, surtout que les restaurants ont constitué leurs stocks de réserve durant leur fermeture à l'occasion de l'Aïd El-Adha, une période où, d'une façon générale, la consommation du poisson diminue sensiblement. Sauf que ce qui est considéré par certains comme une aubaine pour les consommateurs et les petites bourses est qualifié par les initiés de massacre d'une espèce devenue de plus en plus rare dans nos côtes. Devant le silence des autorités concernées, ce sont les professionnels et les associations des pêcheurs qui sont montés au créneau pour faire le constat et dénoncer ce qu'ils qualifient de crime contre l'une des richesses du pays. C'est le cas de H. Bellout, pour qui les prises abondantes de ces derniers jours n'ont pas été possibles sans le recours à la pêche intensive de la jeune sardine dont la taille ne dépasse pas 11 cm autorisés par la législation en vigueur. En effet, l'essentiel de l'offre ces jours-ci est constituée de sardines de 6 à 9 cm. C'est de la jeune sardine issue de la période de ponte et qui s'est étalée du 1er mai au 31 août derniers. Sa pêche prématurée bloque le cycle de reproduction de l'espère et menace sa pérennité. Pour M. Berredjem, de l'association des pêcheurs de Collo, "ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui ne cessent de dénoncer la pêche prématurée et durant le cycle de repos des poissons. Aux pouvoirs publics de saisir cette prise de conscience pour engager une profonde réflexion sur le secteur et le métier dans l'intérêt du marin pêcheur, de l'armateur et de l'Etat garant de nos ressources halieutiques". Toujours selon M. Berredjem, "d'ici deux à trois mois on aura un déficit en prises et en offre qui fera grimper les prix au seuil de 1 000 DA le kilo et tout le monde sera perdant". Hier matin à Constantine, sur les étals, la sardine d'une taille inférieure à 7 cm était toujours proposée à 200 DA le kilo mais peu d'acheteurs. Passé l'effet des premiers jours de chute des prix, le consommateur commence à tourner le dos à un produit de mauvaise qualité. À l'instar des associations de pêcheurs, certains vendeurs s'interrogent sur le silence des pouvoirs publics face à ce gâchis. Mourad KEZZAR