Le président du Comité national des marins pêcheurs et des poissonniers (CNMPP), Hocine Bellout, a expliqué, dans un entretien accordé à l'APS, pourquoi le prix de la sardine a chuté passant de 700 à 800 DA le kilogramme, au printemps dernier, à un prix avoisinant les 200 DA, dans certaines poissonneries côtières. Il révèle que cela est du au non-respect des normes et lois en vigueur de la part des pêcheurs encouragés par un déficit de contrôle de la part des services concernés. On trouve alors sur le marché des poissons de petites tailles, atteignant parfois 5 cm la pièce seulement. Hocine Bellout signale que les pêcheurs se rabattent sur des spécimens jeunes vu l'amenuisement des poissons dans les eaux côtières, à cause d'une pêche intensive et inconsciente, à cause également de la pollution des eaux, en plus des flux migratoires des poissons vers d'autres mers. Les pêcheurs, pour leur part, violent plusieurs interdits, précise M. Bellout, citant le non-respect des périodes de repos biologique, la recrudescence de la pêche à la dynamite, l'utilisation des filets interdits et le non-respect des tailles marchandes. Le non-respect des périodes de repos biologique, s'étalant du 1 mai au 31 août, représente un grand danger pour la pérennité des espèces puisqu'il provoque progressivement leur extinction. A ce propos, le directeur de la Pêche et de l'aquaculture au ministère de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche, Taha Hemmouche, a rappelé que la loi a durci les sanctions jusqu'à une peine d'emprisonnement de 5 ans pour les marins pêcheurs pêchant durant cette période, ce qui a fait reculer le nombre de délits. S'agissant de la pêche à la dynamite, interdite, M. Bellout a indiqué qu'elle est pratiquée sur le long des côtes allant de Bou Haroun (Tipaza) à Ghazaouat (Tlemcen). Le non-respect des tailles marchandes, représente également une menace directe puisque les poissons des différentes espèces sont empêchés d'atteindre la maturité nécessaire et propice à la reproduction. Ainsi, il est interdit formellement de pêcher des sardines dont la taille n'atteint pas les 11 cm, a indiqué M. Bellout. Or, des sardines ne dépassant pas les 4 cm se vendent actuellement sur le marché, a-t-il poursuivi ajoutant que l'espèce est pourtant «en voie d'extinction». Par ailleurs, déplore-t-il, «la pollution est en train de faire un ravage au sein de l'écosystème marin». Il explique que l'insalubrité et la toxicité des mers exterminent les espèces, ou les poussent à migrer comme c'est le cas de la sardine, très sensible à la pollution et qui est allée vers d'autres eaux. Aujourd'hui, bien des espèces n'existent plus dans les eaux côtières algériennes à cause de la pollution. Parmi les sources de pollutions, Hocine Bellout cite les déversements en mers des déchets apportés par les oueds et le déballastage des navires en rades. Il avertit qu'à cette allure, d'ici 50 ans, la Méditerranée sera une mer morte. Il rappelle que la mer Méditerranéenne est une mer quasi-fermée, n'ayant pour ouverture sur les océans que les 14 kms du détroit de Gibraltar. «Il y a destruction massive des réserves halieutiques algériennes alors que nous disposons de 194 espèces de poissons et 600 espèces d'algues (à usages cosmétique, médicinale et alimentaire)», a déploré M. Bellout, expliquant qu'à la cadence actuelle cette richesse disparaitra. Selon lui, un frein doit être mis à ces pêches illicites et aux pollutions.