Le Kényan Eliud Kipchoge a remporté dimanche le marathon de Berlin en 2h03:32, devant l'inattendu Ethiophien Guye Adola, un spécialiste du semi-marathon qui s'alignait pour la première fois sur 42,195 km. Chez les dames, la compatriote de Kipchoge, Gladys Cherono, s'est imposée en 2h20:23. Les deux autres grands favoris Kenenisa Bekele et Wilson Kipsang ont abandonné avant le 30e km, privant l'épreuve berlinoise du match au sommet que les organisateurs avaient espéré. Le record du monde, que les spécialistes avaient anticipé, devra également attendre. "Les conditions n'étaient pas faciles, à cause de la pluie. Heureusement, il n'y avait pas trop de vent. Je suis content d'avoir battu Adola. Je ne m'attendais pas à avoir à me battre contre quelqu'un d'autre que Bekele ou Kipsang", a avoué le vainqueur après l'arrivée. Car, dans l'atmosphère humide et sur l'asphalte détrempé par la pluie de la nuit, le combat des trois meilleurs marathoniens du moment a tourné court. Sûr de sa force, Kipchoge avait clairement décidé de ne pas s'occuper de ses deux adversaires. Ses lièvres sont donc partis sur des bases plus rapides que le record du monde, obligeant Kipsang et Bekele à prendre sa foulée, au risque d'exploser en route. Le groupe de tête, dans lequel s'accrochaient le Kényan Vincent Kipruto et l'Ethiopien Adola, est passé à la mi-course en 1h01:29, soit une quinzaine de secondes plus vite que le temps de Dennis Kimetto lorsqu'il avait établi son record du monde sur le même parcours en 2013 (1h01:45). Contre toute attente, le premier des cinq à "sauter" a été Kenenisa Bekele, le vainqueur de l'an dernier, décroché dès le 24e km. Kipruto a lâché prise quelques minutes plus tard. Puis, deuxième énorme surprise, Kipsang s'est arrêté et a abandonné au passage de la barrière des 30 km. Kipchoge se retrouvait alors seul avec Guye Adola, un athlète à peu près totalement inconnu du grand public qui n'avait aucun temps de référence sur marathon. L'Ethiopien tentait une attaque au 36e kilomètre et parvenait à prendre une dizaine de mètres d'avance. Mais Kipchoge, le sourire aux lèvres, revenait mètre après mètre dans le final pour franchir la ligne le premier, quelques mètres après être passé sous la Porte de Brandebourg. En mai, lors d'un événement organisé par Nike sur le circuit automobile de Monza, en Italie, Kipchoge avait couru les 42,195 km en 2h00:24, évidemment la meilleure performance jamais réalisée par un être humain. Le temps n'a pas été homologué, car Kipchoge a bénéficié de conditions qui n'existent pas en compétition, mais le Kényan en avait tiré la conviction qu'il pouvait battre le record du monde dès cette année à Berlin.