Les médecins grévistes ont exprimé leur ras-le-bol des conditions dans lesquelles ils exercent et ont appelé à la cessation de la campagne de dénigrement dont ils font l'objet. Les professeurs hospitalo-universitaires et les médecins résidents ont observé, hier, un mouvement de débrayage national, à l'appel du syndicat Snechu. À Alger, plusieurs dizaines de médecins se sont donné rendez-vous dans l'enceinte de l'hôpital Mustapha-Pacha pour observer un sit-in de protestation, ponctué d'une marche. Brassards noirs et étiquettes collées à leurs blouses blanches, sur lesquels on pouvait lire "Médecin en colère", les hospitalo-universitaires et les résidents se sont retrouvés pour exprimer leur ras-le-bol et dénoncer, entre autres, l'absence de sécurité mais surtout la campagne de dénigrement dont ils font l'objet ces derniers jours et orchestrée à travers certains médias. Aux slogans de "Libérez le Dr Ouali, système défaillant", les médecins représentant les centres hospitalo-universitaires (CHU) et les Etablissements hospitaliers (EHS) de Parnet, de Tixeraïne, de Zmirli, de Béni-Messous et de Chéraga ont battu le pavé en arborant des banderoles et des pancartes sur lesquelles étaient inscrites leurs revendications : "Halte à la violence", "Je sauve des vies humaines, mais pas aux dépens de la mienne", "Le médecin n'est pas un criminel" et "Halte à la campagne de désinformation". Les protestataires, qui étaient bien organisés et encadrés par les délégués syndicaux, ont tenu leur rassemblement dès 11h, occupant l'espace attenant au Samu, sous l'œil vigilant des forces de l'ordre restées à l'écart. Ils se sont dispersés dans le calme, après avoir marché et scandé leurs revendications. "Je ne fais partie d'aucun syndicat et je ne fais pas de politique, mais je suis là contre l'injustice", dira un médecin rencontré sur place. La présidente du National des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires,le Pr Wahiba Ouahioune, a indiqué, pour sa part, que "ce sit-in a été initié aujourd'hui par le syndicat des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires et par le collectif des résidents pour dénoncer la campagne de dénigrement contre le personnel de la santé". S'adressant aux hautes autorités du pays, le Pr Ouahioune a demandé que l'on se penche "sur les conditions de travail du personnel de la santé" et a appelé à ce que cesse la campagne de dénigrement dont ils font l'objet. Et ce, avant de faire état des besoins du personnel de la santé en moyens matériels et humains. Présent à cette manifestation, en signe de solidarité avec les protestataires, le Dr Mohamed Bekkat Berkani a réclamé de la considération pour le corps médical et a dénoncé l'emprisonnement d'une collègue, toujours en détention préventive, "pour cause de dysfonctionnements de la santé". Aussi a-t-il plaidé pour "une solution globale incluant les médecins, les infirmiers, les techniciens et gestionnaires et non pas jeter l'anathème sur eux, comme c'est le cas actuellement à travers certains réseaux sociaux, où est lancé un appel à la condamnation des médecins". Selon lui, les médecins demandent "des moyens et une considération", arguant que "c'est un personnel technique qui fait ce qu'il peut dans les conditions actuelles", dira encore Bekkat Berkani, qui, en tant que président du Conseil national de l'Ordre des médecins, a tenu à exprimer sa solidarité avec la profession. A. R. [email protected]