Une gerbe de fleurs a été déposée au niveau de la stèle du village, à la mémoire des martyrs. En 1958, le peuple algérien était appelé à un référendum où il devait s'exprimer par "oui" ou par "non" sur le devenir de notre pays. Le 28 septembre 1958, partout dans les villages de Kabylie, un mot d'ordre était initié pour appeler le peuple à ne pas voter et un tel mot d'ordre de boycott a été largement suivi par la population. C'est ainsi que le 28 septembre 1958, au village de Tandlest, dans la commune de Mekla à l'époque (aujourd'hui relevant de la commune d'Aït Khelili), les villageois et les villageoises ont largement répondu à cet appel du FLN. "Pour nous, se souvient encore Da Ahmed, un moudjahid de la première heure, l'Algérie étant algérienne et il ne pouvait pas être question qu'elle devienne française. Notre sang n'a fait qu'un simple tour dans les veines et notre action a aussitôt visé le rejet de ce référendum !" Encerclés par l'armée coloniale, les citoyens de Tandlest avaient été rassemblés sur la place du village, les hommes d'un côté et les femmes avec leurs enfants de l'autre, pour y être soumis à diverses exactions. Cependant, il s'est avéré que des tas de cailloux et d'autres projectiles avaient été préparés du côté des femmes. Les femmes ont alors usé de leurs projectiles et, sous ce déluge de pierres, le capitaine de l'armée française a tiré un coup de feu en l'air, ce qui a déclenché d'autres tirs nourris des militaires français et quatre femmes ainsi que deux enfants sont tombés au champ d'honneur, tandis que cinq autres femmes et deux enfants furent blessés. Un citoyen du village se souvient encore de ce jour tragique alors qu'il était âgé d'une dizaine d'années à peine. "J'ai été extrêmement choqué quand j'ai vu mes cousins et cousines allongés sans vie sur la place de la djemaâ. L'une d'elles avait été déchiquetée par la rafale de tirs et je vous prie de croire que, cinquante-neuf ans après, c'est une image cruelle qui reste encore gravée dans ma mémoire." Ce message indélébile de courage et de fidélité à la chère patrie ne peut être oublié, et la commune d'Aït Khelili a pris la décision d'organiser des cérémonies de commémoration, en profitant cette année pour baptiser la nouvelle bibliothèque communale en tant que "Bibliothèque des événements du 28 septembre 1958", et ce, au bénéfice et au grand bonheur de tous les citoyens de la commune, en présence des membres de l'association culturelle du village, des autorités communales, du chef de daïra, des représentants des anciens moudjahidine de la fédération de Tizi Ouzou, particulièrement Si Ouali Aït Ahmed, ex-officier de l'ALN, de Da Amar, digne fils héritier du chahid colonel Ali Mellah, et du fils du colonel Mohand Oulhadj. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a délégué son propre conseiller pour représenter le RND, sans oublier la présence des moudjahidine de la région et des représentants des partis politiques RCD, FLN, FFS et RND. Durant la prise de parole, Si Ouali Aït Ahmed a rappelé que "le village de Tandlest brillait par son militantisme et la collaboration de tous les citoyens avec l'ALN car, durant la révolution, le village était un refuge sûr et bien organisé pour nos combattants. Les citoyens de Tandlest ont payé un lourd tribut à l'indépendance nationale si chèrement acquise et ce village peut être fier de son passé", a-t-il ajouté. La journée ayant commencé par le dépôt d'une gerbe de fleurs au niveau de la stèle du village à la mémoire des martyrs fut suivie par la projection d'un film documentaire. Après la pause déjeuner, il s'ensuivit un tournoi de pétanque, puis une conférence-débat sous le thème "L'apport du combat de la femme durant la guerre de libération nationale". Enfin, on procéda à la remise solennelle de cadeaux et de diplômes aux participants, et la soirée se termina par un beau gala artistique animé par des artistes de la région. Saïd MECHERRI