Des signes d'apaisement sont apparus hier dans la crise de Catalogne, avec l'annonce du report de l'intervention du président catalan à mardi, et la libération par la justice espagnole des chefs séparatistes jugés pour sédition. Les observateurs estiment que les voies du dialogue se dégagent entre l'Espagne et la Catalogne après les gestes d'apaisement faits hier de part et d'autre. En effet, à trois jours de la date initialement envisagée (lundi) en Catalogne pour une déclaration unilatérale d'indépendance qui fait trembler l'Europe, le président indépendantiste catalan a annoncé le report de son intervention à mardi. Cette annonce de Carles Puigdemont pourrait être interprétée comme un geste puisqu'il ne cherche pas à tout prix à maintenir la séance de lundi en dépit de son interdiction par la Cour constitutionnelle, même si elle peut être interprétée comme un moyen de gagner du temps, en raison de divisions dans son camp. Elle intervient également après des déclarations du responsable des Entreprises au sein du gouvernement catalan, Santi Vila, réputé proche du président régional, où il réclame symboliquement "un cessez-le-feu" symbolique au gouvernement. "Cela signifie que dans les prochaines heures et jours, nous ne prenions pas des décisions qui pourraient être irréparables", a-t-il expliqué. Puis, à l'attention de son camp indépendantiste, il a appelé à "réfléchir et savoir clairement si la précipitation ne risque pas d'abîmer le rêve et de gâcher un projet (d'indépendance) n'ayant jamais été si proche". Du côté de Madrid, le principal représentant de l'Etat espagnol en Catalogne, le préfet Enric Millo, s'est excusé hier au nom des policiers auprès des personnes blessées lors de l'intervention policière visant à empêcher un référendum interdit en Catalogne le 1er octobre. "Je ne peux faire que le regretter, je présente mes excuses, au nom des agents qui sont intervenus", a-t-il déclaré à la télévision après avoir évoqué les images de blessés. Par ailleurs, l'Audience nationale, spécialisée dans les affaires touchant à la sécurité nationale, a entendu le chef de la police catalane, son adjointe et les dirigeants des deux principales associations indépendantistes pour des faits de "sédition", des manifestations remontant au 20 et 21 septembre. Josep-Lluis Trapero, Jordi Sanchez, de l'Assemblée nationale catalane, et Jordi Cuixart (Omnium) en sont ressortis libres, le parquet n'ayant pas requis leur placement en détention. Et les deux indépendantistes ont appelé au dialogue. "Il faut accepter la réalité, il y a un conflit politique, qui ne peut se résoudre que par la voie politique", a dit Jordi Cuixart. Ces déclarations se produisent alors que les tensions entre Madrid et Barcelone ont plongé l'Espagne dans sa plus grave crise politique depuis que ce pays est redevenu démocratique, en 1977. Cette crise qui divise la Catalogne, où vivent 16% des Espagnols et où la moitié de la population n'est pas indépendantiste selon les sondages. L'impasse, qui semblait totale jusqu'à hier, semble se diriger vers une issue au vu des déclarations des responsables des deux côtés. Merzak T./Agences