L'Union nationale des opérateurs de pharmacie (Unop) compte, dans un délai d'une dizaine de jours, transmettre au Premier ministre une proposition de contrat pour le développement de l'industrie pharmaceutique locale. Cette annonce a été faite, hier, par Abdelouahab Kerrar, président de l'Unop, lors du forum Santé qu'il a animé à l'hôtel El-Djazaïr.Dans son plan d'action adopté dernièrement par l'Assemblée nationale, le gouvernement a affiché une volonté de couvrir 70% du besoin national en médicaments d'ici à 2019. Un objectif ambitieux qui impliquerait un chiffre d'affaires de l'ordre de 3,2 milliards de dollars pour une croissance de consommation annuelle de 6 à 7%. Abdelouahab Kerrar a soutenu que l'objectif de passer de 50% à 70% de couverture de nos besoins en médicaments est largement à la portée des opérateurs algériens, pour peu que les pouvoirs publics apportent des solutions préalables aux nombreux problèmes d'organisation que rencontre la filière. Le président de l'Unop pense que l'industrie nationale du médicament risque d'être freinée dans son élan par l'accumulation d'une série de contraintes. La dévaluation qu'a connue le dinar ces dernières années et l'absence de réajustement des marges fragilisent les producteurs. "Il n'est plus envisageable de prévoir un développement sans des prix rémunérateurs des producteurs et investisseurs qui activent dans le secteur où l'enjeu de la qualité est important", soutient-il. Il y a deux ans, l'Unop a présenté au Comité économique une demande de réévaluation de 3 à 15% d'une centaine de médicaments. Celui-ci n'a toujours pas répondu favorablement à cette requête .Abdelouahab Kerrar déplore également le retard pris dans la mise en activité de l'Agence du médicament censée apporter des réponses à un grand nombre de doléances des opérateurs pharmaceutiques. Créée par une loi en 2008, cette agence n'a été installée que huit ans plus tard. À ce jour, elle n'est pas réellement fonctionnelle. Il est prévu que cette agence récupère certaines prérogatives qui étaient du ressort de la direction de la pharmacie. Sur ce point précis, il n'existe aucun calendrier de transfert de ces prérogatives, ne laissant ainsi aucune visibilité aux opérateurs locaux. L'Unop pense qu'elle a beaucoup contribué à la préservation des équilibres financiers des caisses de sécurité sociale. "92% des produits étiquetés au tarif de référence émanent de la production locale. Nous avons contribué à hauteur de 92 milliards de dinars ces dernières années à l'équilibre de la Cnas. Mais aujourd'hui, le système de sécurité sociale devient un frein pour l'industrie pharmaceutique.." Pour cette organisation, il y a vraiment urgence à développer les services de production. "Nous avons besoin pour développer notre activité de sources d'achat de matières premières et d'équipements. Or personne ne veut investir dans cette activité, car il n'y a que les producteurs qui sont exonérés de droit de douane et de TVA." Enfin le président de l'Unop pense que dans un proche avenir le marché local du médicament sera trop étroit pour les 81 unités de productions existantes. "Il faut préparer un plan d'action multisectoriel d'exportation qui envisage notamment un prix attractif de transport de la marchandise locale vers l'étranger. À ce moment-là, nous pourrons envisager un volume d'exportation entre 400 et 500 millions de dollars par an." Nissa Hammadi