C'est dans une ambiance de fête et d'allégresse que la coordination des archs de Tizi Ouzou a célébré, hier, le 25e anniversaire du printemps berbère. Le gala artistique organisé pour cette journée a drainé plusieurs milliers de personnes. Les tribunes du stade Oukil-Ramdane ont été envahies plusieurs heures avant le coup d'envoi de ce gala qui devait être animé par plus de trente artistes dont Boujemaâ Agraw, Ahrès Hacène, Lounès Kheloui, Zedek Mouloud, Oulahlou et de nombreux autres artistes. En fait, la commémoration du printemps berbère a débuté dans la matinée avec la “baptisation” de deux places publiques à Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya, une première au nom de Matoub Lounès située devant la gare routière de Tizi Ouzou et une seconde au nom des victimes du printemps noir au niveau du carrefour Djurdjura du centre- ville. Deux plaques commémoratives ont été ainsi inaugurées par les parents des martyrs en présence des délégués des archs et de plusieurs centaines de personnes qui ont, au préalable, improvisé une marche qui s'est ébranlée de la permanence de la CADC pour aboutir au carrefour de la gare routière où a été inaugurée la place Matoub-Lounès. Scandant les slogans habituels des archs, la foule se dirigera ensuite vers le carrefour Djurdjura où une plaque commémorative sera inaugurée au nom des victimes du Printemps noir et une prise de parole sera improvisée. À l'occasion, les délégués et les parents de martyrs se sont succédé pour exprimer leur joie de pouvoir enfin imposer cette “baptisation” longtemps souhaitée. Pour Khaled Guermah, cette journée ne signifie pas moins qu'une victoire des archs face au pouvoir qui a endeuillé la région en 2001. Bélaïd Abrika ne cachera pas lui également sa satisfaction de voir enfin la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie pour l'idéal démocratique honoré. Abrika ne manquera pas l'occasion de rappeler les acquis arrachés dans le cadre du dialogue avec le pouvoir. Des acquis qui ne sont pour lui que l'aboutissement de la lutte citoyenne entamée depuis 1980 et qui s'est accentuée depuis 2001. Ce sont ces acquis mêmes que mettra en avant Abrika pour expliquer l'option du gala à laquelle a opté, aujourd'hui, le mouvement citoyen. Boujemaâ Agraw, rencontré au début du gala, n'a pas caché lui aussi, sa satisfaction de voir le printemps berbère célébré de cette manière. “Bien que la façon dont doit être célébré le 20 Avril n'est pas ce qui compte le plus pour moi, car à mon sens l'essentiel est qu'il y ait des commémorations dignes de ce nom, je ne peux cacher ma satisfaction de voir les artistes associés à une célébration aussi historique”, dira-t-il tout en regrettant que cette date symbolique est encore célébrée dans la divergence alors que l'objectif de toute la population de Kabylie est identique : celui de l'officialisation de tamazight. S. L.