Face aux refus des peshmergas de quitter les positions revendiquées par Bagdad, l'armée irakienne a fait mouvement vers plusieurs objectifs, d'où des combats entre les deux parties en conflit depuis la nuit de dimanche à lundi. La police fédérale irakienne et ses unités spéciales ont repris hier l'aéroport militaire de Kirkouk, après que d'autres forces irakiennes aient annoncé avoir pris un peu plus tôt un des six champs pétroliers et la principale base militaire de la province disputée. Selon le Commandement conjoint des opérations (JOC), les forces irakiennes ont pris le "contrôle du pont Khaled, de la route Al Ryad-Maktab Khaled, du pont Meriem Beik et de la route Rachad-Meriem Beik". Elles contrôlent également la zone industrielle qui se trouve au sud-ouest de la ville de Kirkouk. À cela s'ajoute, selon cette source, "une infrastructure gazière de la Northern Gas Company, un poste de police, une centrale électrique de Kirkouk et la raffinerie qui la jouxte". Le JOC ajoute que "les forces irakiennes ont pris le contrôle du quartier général de la North Oil Compagny (NOC) et du champ pétrolier de Baba Gargar", après que "les unités antiterroristes (CTS) ont accompli leur déploiement dans la base militaire K1", au nord-ouest de la ville de Kirkouk. Cette source n'a pas précisé s'il y avait eu des combats mais la progression des troupes dans l'ensemble de la province, à l'exception d'échanges de tirs dans la nuit, a été rapide du fait du retrait des peshmergas de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) des positions qu'ils contrôlaient au sud de Kirkouk. Un responsable kurde a indiqué hier que dix combattants kurdes peshmergas ont été tués et 27 autres blessés lors des combats nocturnes entre les forces kurdes et les unités paramilitaires du Hachd al-Chaâbi, dans la province de Kirkouk. Le Premier ministre irakien, Haïder Al Abadi, commandant en chef des forces armées, avait dans la nuit appelé ses troupes à agir "en coordination avec les habitants et les peshmergas". Faisant valoir que le référendum kurde du 25 septembre avait créé un "risque de partition" de l'Irak, il a dans la journée accusé les dirigeants de la région autonome de s'être obstinés à faire valoir le "oui" massif (93%) de cette consultation déclarée contraire à la Constitution par Bagdad. Son "devoir constitutionnel", a-t-il ajouté dans un communiqué, est "d'imposer la sécurité et l'autorité fédérale" à Kirkouk, où il a appelé "l'ensemble des citoyens à coopérer" avec les troupes, et à faire preuve de "vigilance". Dans la ville, des responsables kurdes avaient, de leur côté, appelé durant la nuit les civils à prendre les armes. Jusque-là, les peshmergas contrôlaient jusqu'alors militairement les six champs pétroliers de la région de Kirkouk, qui fournissent 340 000 b/j des 550 000 b/j exportés en moyenne par le Kurdistan en dépit du refus de Bagdad. Les Kurdes géraient directement Khormala depuis 2008 et Havana et Bay Hassan depuis 2014, qui produisent 250 000 b/j. Les trois autres champs sont gérés officiellement par la NOC mais les recettes revenaient aux Kurdes. Les unité antiterroristes du CTS ont aussi pris le plus important point de contrôle à l'entrée sud de la ville de Kirkouk et y ont installé le drapeau irakien à la place du kurde, ont indiqué des témoins. Devant cette situation, des milliers d'habitants quittaient hier les quartiers kurdes de Kirkouk pour se diriger vers Erbil et Souleimaniyeh, les deux principales villes du Kurdistan, région autonome en conflit ouvert avec le pouvoir central irakien, selon les correspondants de presse présents sur les lieux. Merzak T./Agences