Les forces irakiennes ont lancé hier des opérations militaires dans la province pétrolière de Kirkouk pour reprendre aux combattants kurdes (peshmergas) les positions qu'ils occupent depuis trois ans dans cette région pétrolière du nord de l'Irak que revendique le Kurdistan autonome. Face à elles, des milliers de peshmergas étaient en état d'alerte pour «défendre» leurs positions, selon les autorités kurdes, en crise ouverte avec le gouvernement central depuis la tenue le 25 septembre de leur référendum d'indépendance contre l'avis de Baghdad. «Les forces armées irakiennes avancent pour reprendre (aux peshmergas) les postes militaires dont ils se sont emparés lors des événements de juin 2014», dans le chaos créé par la percée jihadiste, a indiqué un général qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat. Positionné au sud de la ville de Kirkouk, qui a concentré les tensions lors de la tenue il y a plus de deux semaines du référendum d'indépendance kurde, ce général a ajouté que les forces gouvernementales faisaient mouvement vers le sud de la province. Elles ont repris «vendredi matin la Base-102, à l'ouest de la ville de Kirkouk, près de l'autoroute menant à Tikrit, désertée sans combat par les peshmergas» dans la nuit, a-t-il poursuivi. Les unités d'élite de la police et du contre-terrorisme, ainsi que la force paramilitaire progouvernementale des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) participent à ces opérations, a-t-il ajouté. Côté kurde on se dit prêt pour se défendre. Ainsi, Hemin Hawrami, conseiller du président du Kurdistan autonome Massoud Barzani, a assuré sur Twitter que «des milliers de peshmergas lourdement armés» étaient dans la province de Kirkouk avec «pour ordre de se défendre quel qu'en soit le prix». «L'escalade ne viendra pas de notre part, nous nous défendrons seulement et nous les repousserons s'ils attaquent», a-t-il ajouté. Les autorités du Kurdistan autonome affirmaient depuis plusieurs jours que les forces du gouvernement central s'apprêtaient à leur reprendre par la force les champs de pétrole de la région de Kirkouk. Elles disent redouter que les forces gouvernementales disséminées à travers le pays à l'issue des différentes batailles contre les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ne retournent désormais leurs armes contre les peshmergas. Depuis mercredi, les Kurdes tirent la sonnette d'alarme et ont même fermé des routes jeudi, préventivement et durant plusieurs heures. Hier, le gouvernement du Kurdistan autonome s'est dit «alarmé par la concentration de militaires irakiens et du Hachd al-Chaabi à Bachir et à Taza (à une dizaine de km) au sud de Kirkouk», à seulement «trois kilomètres des lignes peshmergas». Et, selon les services de renseignement kurdes, les forces du gouvernement central ont l' «intention de s'emparer des champs pétroliers, d'un aéroport et d'une base militaire». Les autorités centrales, par le biais de la société d'Etat, la North Oil Company (NOC), étaient en charge de l'ensemble des champs pétroliers de la riche province de Kirkouk. Mais en 2008, les Kurdes avaient pris le contrôle du champ de Khormala. En 2014, dans le chaos créé par l'offensive des jihadistes, ils se sont également emparés de Havana et Bay Hassan. Quant à la base, il s'agit de celle de la 12e division de l'armée irakienne, dont les peshmergas s'étaient emparés en juin 2014 en chassant les soldats peu après la chute de Mossoul aux mains des jihadistes en 2014.