La Fédération internationale des journalistes (FIJ), forte de 500 000 adhérents, entreprendra, incessamment, de nombreuses actions pour exiger la libération de Mohamed Benchicou. Elle compte organiser des sit-in devant une centaine d'ambassades algériennes à l'étranger. À l'occasion, des lettres de protestation seront remises à nos représentations diplomatiques. C'est ce qu'a révélé Nadir Benseba, coordinateur du centre de la FIJ à Alger, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège du Soir d'Algérie, conjointement avec les avocats de la défense et le Comité Benchicou pour les libertés. Une pétition internationale a été lancée, jeudi, en France. Elle a déjà recueilli plusieurs signatures d'hommes politiques à l'instar de Jack Lang, d'écrivains et de journalistes. De grosses pointures de la politique française, François Hollande (PS) et François Bayrou (UDF), ont été approchées pour y apposer, elles aussi, leur paraphe. En outre, Aidan White, secrétaire général de la FIJ, remettra une lettre — une interpellation des autorités algériennes sur les atteintes aux libertés de la presse — à Bertrand Delanoë, maire de Paris, qui fera une visite le 27 avril prochain en Algérie. Me Benarbia, avocat de Benchicou, est revenu sur les raisons qui ont poussé le collectif de la défense à introduire une demande de mise en liberté provisoire en faveur de leur client, incarcéré depuis le 14 juin 2004 à la maison d'El-Harrach. Il y a d'abord l'état de santé de M. Benchicou en continuelle dégradation. Me Benarbia a déploré la non-prise en considération par les autorités judiciaires de la requête de la structure sanitaire de la prison d'El-Harrach, expliquant que M. Benchicou ne peut être valablement diagnostiqué, traité et soigné en prison. Me Benarbia ne s'explique pas un tel refus à plus forte raison que du point de vue du droit, M. Benchicou présente “toutes les garanties que la loi exige”. “Toutes les conditions exigées par la loi témoignant de l'honorabilité du citoyen Benchicou, une personnalité médiatique connue, sont en l'espèce réunies”, a-t-il ajouté. Mais d'autres raisons, politiques celles-là, sont derrière l'action de la défense. À savoir, la politique de réconciliation nationale, le projet d'amnistie générale, la déclaration de Farouk Ksentini soutenant que M. Benchicou ne mérite pas la prison… Mais le problème qui se pose pour la défense est celui de la responsabilité. “Si demain quelque chose arrive à M. Benchicou, qui assumera la responsabilité ? Je suis sûr qu'ils vont tous se débiner”, s'est-il écrié. Pour sa part Me Bourayou a qualifié le refus de la liberté provisoire à M. Benchicou de “décision éminemment politique”. “Les rancoeurs ne sont pas apaisées. M. Benchicou est considéré comme un détenu à part. Il voit dans le maintien en prison de M. Benchicou une volonté d'intimidation de la presse. Benchicou en prison, c'est la presse qui est quelque part emprisonnée. Si les choses demeurent en l'état, je ne pense pas que le journalisme puisse survivre en Algérie. Sans une mobilisation continue et une prise de conscience, je suis persuadé que les libertés d'expression seront réduites à leur plus simple expression”, a-t-il encore averti. Mais que fera la défense ? “Rien ne se fera sans l'accord de M. Benchicou. Après le rejet de la liberté provisoire, on tentera de lui arracher une prise en charge réelle dans sa condition de détenu”, a indiqué Me Benarbia. Sont présents, également, à la conférence, le Commandant Azzeddine et Abdelhak Bererhi du CCDR et des membres du Comité Benchicou pour les libertés. A. C.