Lors d'une réunion qui s'est tenue, jeudi à Bentalha, Ahmed Ben Bella a décidé d'écarter Abderrazak Smaïl qui présidait jusque-là la Commission nationale de l'amnistie générale. L'ex-président de la République et néanmoins président d'honneur de la commission nationale de l'amnistie générale, Ahmed Ben Bella, a tiré hier le tapis sous les pieds de Abderrazak Smaïl, président proclamé de cette structure. En effet, suite à une réunion du bureau de la commission présidée jeudi à l'orphelinat de Ben Talha, Ben Bella et Nordine Slimani, vice-président, ont décidé de transférer les locaux de la Cnag du siège du PRA vers un autre lieu non identifié pour l'instant. Dans un communiqué rendu public hier, Nordine Slimani note que son souci à travers cette mesure, était “d'éloigner la Cnag du Parti du renouveau algérien dont le président et ses collaborateurs ont failli discréditer la commission”. Le texte, signé par Nordine Slimani et approuvé par Ben Bella, ne précise pas cependant comment les responsables du PRA auraient tenté de ternir l'éthique de la Cnag. Et, décisions subsidiaires, Ahmed Ben Bella, qui se trouve être le père spirituel de cette structure qui se propose de porter à bras-le-corps le projet de Bouteflika, a tranché sur le principe de tenir la commission loin des chapelles partisanes “parce que l'amnistie générale appartient à tous les Algériens et non pas à un parti”. Ben Bella a insisté également sur le fait que cette notion — l'amnistie —, repose sur des valeurs aussi importantes que “l'intégrité, l'éthique et, par-dessus tout, sur l'attachement aux valeurs constantes du peuple algérien”. Ben Bella n'a pas manqué néanmoins de décocher une fléchette assassine en direction du chef du PRA en évoquant les pratiques de “maquignon” suggérant ainsi que Abderrazak Smaïl aurait tenté d'user de ses prérogatives en tant que président de la Cnag pour les besoins de son parti. Ben Bella et Nordine Slimani rappellent que la commission se charge uniquement et exclusivement de la “sensibilisation”. Se faisant, ils dénient au premier, le désormais ex-président de la Cnag de s'exprimer au nom de la commission. “Toutes les déclarations que feraient Abderrazak Smaïl, président du PRA, n'engagent que sa personne et son parti !” Voilà donc le sort de Abderrazak Smaïl définitivement scellé à la tête de la Cnag en attendant les “nouvelles révélations” que promet le tandem Ben Bella-Slimani dans les tout prochains jours. Installée en décembre dernier, dans la plus grande discrétion, la commission, qui devait faire la promotion du projet de Bouteflika sur l'amnistie générale, dévoile au grand jour ses dissensions voire ses contradictions internes alors qu'elle était censée servir de courroie de transmission entre le gouvernement et les masses encore réfractaires à la démarche présidentielle. Il est, en l'occurrence, curieux de constater que cette structure “informelle” qui fait beaucoup de bruit, ces derniers jours, à travers une zone de turbulence alors même que le projet qu'elle devrait porter n'est pas encore né. Au-delà des généralités liées, tantôt au “pardon”, tantôt à la “clémence”, la Cnag a bien du mal à donner corps à cette amnistie dans ses nombreuses manifestations de sensibilisation. Objet politique et juridique non encore identifié, l'amnistie générale apparaît aux yeux de l'opinion et des acteurs politiques comme un véritable réceptacle où l'on peut tout fourrer pour arriver à la grande réconciliation. Son concepteur, le président de la République, n'en a pas encore explicité les implications ni dessiné les contours. Il ne rate d'ailleurs jamais l'occasion de préciser qu'il n'est pas question de décréter cette mesure tant que le peuple n'est pas prêt. Or, des commissions de wilayas s'installent et des collectifs de “souteneurs” pullulent un peu partout sans trop connaître le mode d'emploi et le mode opératoire de cette amnistie. La trouvaille a donc ouvert grandes les portes aux apparatchiks qui veulent se recycler dans le système et autres amateurs des privilèges que confère la sous-traitance politique. Résultats des courses, la clientèle de l'amnistie générale est connue de tous en attendant de connaître le contenu de l'amnistie elle-même… H. M.