Près de cinq mois après son arrestation le 30 mai dernier, Nasser Zefzafi, le leader de la contestation populaire dans le Rif marocain déclenchée suite à la mort tragique d'un vendeur de poissons, Mohcine Fikri, le 28 octobre 2016, s'est ouvert hier à Casablanca. Le moins que l'on puisse dire, selon les comptes rendus de presse et des pages Facebook, notamment "alhoceimasofficiel", une ambiance houleuse a marqué l'ouverture du procès devant la cour d'appel de Casablanca, qui est chargée de les juger en première instance. Pour sa première apparition depuis son arrestation, Nasser Zefzafi est resté une simple silhouette dans le box en vitre opaque où s'entassaient une trentaine d'autres détenus, jugés en même temps que lui. Il encourt la peine capitale et les autres prévenus entre 5 et 20 ans de prison, selon les chefs d'inculpation retenus contre lui par le juge d'instruction. La cour a rapidement suspendu la séance en demandant que l'ordre soit rétabli dans la salle, trop petite pour accueillir la cinquantaine d'avocats, les dizaines de proches des accusés et le public. Nasser Zefzafi était devenu le porte-drapeau de la colère populaire dans le Rif avec ses diatribes enflammées contre "l'arbitraire du makhzen". Il avait été arrêté pour avoir interrompu, dans une mosquée d'Al-Hoceïma, le prêche d'un imam hostile au mouvement de contestation. À signaler qu'une vingtaine d'autres détenus du Hirak du Rif, arrêtés à Al-Hoceïma entre mai et juin et transférés à la prison de Casablanca, devaient, eux, comparaître mardi pour la quatrième fois devant la cour d'appel. Ils sont poursuivis pour "atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat", "tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage" ou "conspiration contre la sécurité intérieure". La cour de Casablanca devait aussi se pencher hier sur le cas du journaliste et directeur du site d'information "Badil", Hamid El Mahdaoui, jugé pour "manquements à son obligation de porter à la connaissance des autorités une tentative de nuire à la sécurité intérieure de l'Etat". Plusieurs dizaines de militants des droits de l'Homme et des proches des accusés ont organisé un sit-in devant le tribunal pour réclamer la libération des détenus, dénonçant des "arrestations arbitraires" et fustigeant un "Etat corrompu". Merzak T.