Au-delà du préjudice matériel que nous avons subi, il nous a été très pénible de perdre nos illusions pour affronter la réalité amère. Quel tristesse de voir celui qui fut pour nous un héros de légende tomber dans une déchéance aussi affirmée ! Si nous n'étions pas parmi les victimes de M. Rabah Zerari, alias commandant Azeddine, nous aurions sans doute versé une larme en lisant son long plaidoyer (Liberté du 17 octobre 2017), dans lequel il tente de camoufler des actes délictuels, sanctionnés par la justice, sous le voile de la vertu outragée. Pour noyer une affaire d' "escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux" dans un galimatias de complot politicien et de règlement de comptes claniques, il n'hésite pas à convoquer l'histoire et ses martyrs, le GPRA et sa légitimité, l'état-major général de l'ALN, son chef et ses adjoints... S'agissant d'une affaire de droit commun, entre personnes privées, nous avons jusque-là évité toute polémique, malgré les provocations de M. Rabah Zerari et de ses complices. Devant la répétition de ses grotesques manipulations médiatiques, nous sommes contraints de rétablir la vérité des faits sur le terrain qu'il a choisi - la place publique - après son échec sur le plan du droit. Au-delà du préjudice matériel que nous avons subi, il nous a été très pénible de perdre nos illusions pour affronter la réalité amère. Quel tristesse de voir celui qui fut pour nous un héros de légende tomber dans une déchéance aussi affirmée ! Kateb Yacine disait : "Pendant la guerre, j'ai vu des hommes résister avec courage à la torture. Après l'indépendance, j'ai vu les mêmes hommes se mettre à genoux devant l'argent". Malgré les preuves qui s'accumulaient, il nous a fallu du temps pour comprendre le piège que M. Rabah Zerari avait tendu à ses "amis". Notre admiration pour l'intrépide baroudeur qui avait tenu tête aux parachutistes de Bigeard était telle que sa parole valait pour nous plus qu'un acte notarié. Avant de recourir à la justice, il nous a donc fallu plus de temps encore pour nous convaincre que le commandant Azeddine, le héros de Zbarbar, a été en fin de compte assassiné il y a bien longtemps par Rabah Zerari, l'affairiste de Club des Pins. Pour répondre à sa logorrhée médiatique, mélange de contrevérités et de fiction, nous nous contenterons de rappeler les faits. Rien que des faits documentés, et facilement vérifiables. 1- M. Rabah Zerari affirme : "J'ai chuté, à mon corps défendant, dans une chausse-trappe habilement échafaudée par une conjuration criminelle que la police n'a jusqu'à présent pas démasquée." Contrairement à la police dont il pointe l'incompétence, sinon la complicité, dans "cette conjuration criminelle", la Gendarmerie nationale (section de recherches de Bab J'did) a, quant à elle, mené une enquête minutieuse qui a bel et bien établi les faits : une escroquerie doublée d'un abus de confiance, menée de main de maître par M. Rabah Zerari, avec la complicité de son gendre Hadjouti Hamza et de sa fille Chellali Fifi. Assurés d'une troublante impunité malgré la gravité des délits qui leur sont reprochés, ils ont pris les enquêteurs de haut, refusant même de répondre à leurs convocations. 2- Les faits établis par l'enquête de la gendarmerie ont été confirmés par le juge d'instruction près le tribunal de Chéraga. Devant le refus de Hadjouti Hamza de répondre à ses convocations, le magistrat a émis un mandat d'arrêt contre lui. Intercepté le 30 août 2014 à l'aéroport d'Alger, il a été arrêté par la Police des frontières en vertu de ce mandat d'arrêt. Surprise ! Moins de 24 heures après, Hadjouti Hamza se retrouve, on ne sait par quel miracle, en liberté. Sa première réaction a été de se rendre devant le domicile de la famille Boubnider pour provoquer la veuve et les enfants de l'ancien colonel de l'ALN, chef de la wilaya II historique, avec des propos d'une rare violence : "votre justice ne peut rien contre moi ! Personne ne peut me mettre en prison. Ma liberté, je l'ai achetée avec votre argent" !! Notre requête du 28 septembre 2014 au ministre de la Justice, pour dénoncer cette forfaiture et demander "une enquête administrative pour élucider les interférences extrajudiciaires qui ont engendré un inacceptable dysfonctionnement dans la procédure" est restée sans suite. 3- L'affaire a été jugée le 26 février 2015 par le tribunal correctionnel de Chéraga, qui a rendu le verdict suivant : Sur le plan pénal : les inculpés ont été condamnés pour "escroquerie, faux et usage de faux et émission de chèques sans provision" : - Zerari Rabah (commandant Azeddine) : 1 an de prison avec sursis ; - Hadjouti Hamza : 1 an de prison ferme ; - Chellali Fifi (Lamia) : 6 mois de prison ferme. Sur le plan civil : le tribunal a ordonné la restitution des sommes extorquées aux victimes avec versement de dommages et intérêts. 4- Après appel, la cour de Tipasa a confirmé, le 29 juin 2015, les parties civiles dans leurs droits, et aggravé le verdict pénal de première instance en condamnant les inculpés pour "escroquerie, faux et usage de faux et émission de chèques sans provision" : - Zerari Rabah (commandant Azeddine) : 2 ans de prison ferme ; - Hadjouti Hamza : 2 ans de prison ferme ; - Chellali Fifi (Lamia) : 6 mois de prison ferme. Pendant le procès, M. Rabah Zerari étale sa puissance avec arrogance et tente d'intimider les magistrats en déclarant : "C'est une affaire commerciale. Vous ne pouvez pas me condamner. Plusieurs dizaines de personnes, dont des ministres et des officiers supérieurs, ont investi dans mon projet !" Quand le président de la cour lui demande : "Pourquoi, selon vous, seuls la famille Boubnider et Arezki Aït Larbi ont déposé plainte ?", il n'a pas hésité à rouler dans le caniveau ceux qu'il appelle encore ses "amis" en répondant : "Il faudra le leur demander. Sans doute parce que leur argent n'est pas traçable !!" 5- Dans sa tentative de maquiller une diabolique escroquerie en "investissement commercial" qui aurait échoué, M. Rabah Zerari a occulté d'autres "affaires", d'autres victimes, sans doute parce qu'elles sont moins susceptibles de camouflage. Comme la vente de concessions agricoles fictives à Htatba (Koléa). Ou la coopérative immobilière, tout aussi fictive, de Birkhadem, dans laquelle il avait attiré ses nombreux "amis". Pour cette dernière affaire, il a été condamné à 3 ans de prison ferme par le tribunal de Chéraga, suite à une plainte déposée par l'une de ses victimes, le moudjahid Hocine Kouar. Très malade, le vieux maquisard qui avait parrainé Rabah Zerari pour son recrutement dans les maquis de l'ALN, en 1955, sera gravement affecté par cette trahison. 6- Pour se mettre à l'abri de l'exécution du jugement, M. Rabah Zerari, qui a minutieusement planifié son opération, a organisé sa faillite personnelle en mettant ses biens au nom de ses enfants et de ses petits-enfants non impliqués dans cette affaire. La même ruse a été mise en œuvre par son gendre, Hadjouti Hamza. 7- Si, malgré tout, nous avons eu jusque-là des scrupules envers M. Rabah Zerari en raison de son passé, qui fut glorieux, et de son âge avancé, nous avons tenté de faire appliquer la loi contre son complice de gendre, Hadjouti Hamza, pour l'amener à régler sa part des dédommagements telle qu'elle a été ordonnée par la justice. C'est ainsi que notre avocat a demandé au président du tribunal de Koléa, dont dépend Htatba, lieu de résidence de ses parents, d'ordonner une contrainte par corps. Le 2 novembre 2015, le magistrat a rendu une ordonnance fixant cette contrainte par corps à 3 années de prison. Selon la loi, et à défaut d'obtempérer, le délinquant devait être écroué dans les 10 jours suivant la notification par le procureur. Près de deux années après, l'ordonnance du juge de Koléa est restée lettre morte, en violation de la loi. Malgré les démarches de notre avocat auprès du procureur de la République de Koléa et nos différents courriers au procureur général de Tipasa et au ministre de la Justice, garde des Sceaux, Hadjouti Hamza, toujours libre, reste intouchable et continue de provoquer les parties civiles. 8- Jusqu'au verdict de la cour de Tipasa et à l'ordonnance de contrainte par corps du président du tribunal de Koléa, la procédure avait suivi un cours normal. L'affaire de droit commun, entre personnes privées, prend brusquement une tournure politique avec l'intervention de M. Farouk Ksentini. Le président de la CNPPDH contacte, début septembre 2015, les parties civiles. Affirmant avoir été "mandaté par de hauts responsables au sommet de l'Etat", il s'engage à régler l'affaire rapidement, sans passer par les voies d'exécution prévues par la procédure. Quelques semaines plus tard, M. Farouk Ksentini rappelle, avec insistance, aux parties civiles, avoir été chargé par de "hauts responsables au sommet de l'Etat", et fixe la date du lundi 24 octobre 2015 pour régler définitivement le problème, conformément aux décisions de la justice. De promesses non tenues en rendez-vous manqués, le président de la CNPPDH cherchait en fait à gagner du temps. Plus d'une année après, le lundi 24 novembre 2016, et à la surprise des parties civiles, il fait volte-face, en déclarant aux victimes qu'il a rencontré des difficultés, qu'il ne peut rien faire, et qu'il se désengageait de l'affaire ! Voilà pour les faits. Face aux outrages perpétrés contre la justice par ceux qui agissent derrière le rideau, et aux manipulations de M. Rabah Zerari, nous avons décidé de reprendre l'initiative pour faire respecter nos droits, dans le respect d'une stricte légalité et d'une totale transparence. 1- Concernant M. Farouk Ksentini. Le président de la CNPPDH a usé de ses fonctions officielles pour faire pression sur des magistrats et bloquer l'exécution d'une décision de justice. Nous avons décidé de déposer une plainte au pénal avec constitution de partie civile, pour "complicité d'escroquerie", et de saisir le bâtonnier de l'ordre des avocats de Blida sur le conflit d'intérêts qui a engendré cette forfaiture. 2- Concernant M. Rabah Zerari. Dans l'impossibilité de faire exécuter le jugement en Algérie, nous avons décidé de saisir la justice française pour enquêter sur la provenance des fonds qui ont permis à M. Rabah Zerari et à ses complices d'acheter des biens immobiliers à Paris. Notamment un appartement de très haut standing, situé boulevard Saint-Germain et acquis en 2011 ; c'est-à-dire quelques mois après avoir escroqué ses "amis". 3- Concernant Hadjouti Hamza. Nous avons saisi le ministre de la Justice, garde des Sceaux, par courrier recommandé en date du 21 mars 2017, pour lui demander de mettre un terme à la violation de la loi et aux interférences extrajudiciaires qui ont paralysé la procédure d'exécution d'une décision de justice. À ce jour, il n'a pas jugé utile de nous répondre. Ce silence méprisant envers des citoyens, respectueux des lois de la République mais déterminés à faire valoir leurs droits, est trop éloquent pour ne pas en tirer les conclusions qui s'imposent. Faut-il donc donner crédit aux propos de Hadjouti Hamza lorsqu'il nargue les parties civiles en affirmant : "Votre justice ne peut rien contre moi. Ma liberté, je l'ai achetée avec votre argent" ? Se pose alors une question, subsidiaire mais capitale : qui, dans la hiérarchie judiciaire, ou dans sa périphérie agissant dans l'ombre, a encaissé le prix de la forfaiture ? Alger, le 22 octobre 2017 Le Collectif des parties civiles : Zahir Boubnidder Arezki Aït Larbi Sofiane Kouar