Ould Kaddour a annoncé un investissement de 50 milliards de dollars, alors que le ministre du secteur avait annoncé, lui, devant le Parlement, le volume de 78 milliards de dollars pour la période 2017-2021. La dynamique d'investissement de Sonatrach flanche, conséquemment à la chute pétrolière. La compagnie nationale d'hydrocarbures va, certes, investir, mais moins que prévu. Son P-DG, Ould Kaddour, en visite de travail et d'inspection, mercredi dernier, au projet du complexe du Groupement Touat Gaz (GTG) à Oued Zine (Adrar), en a parlé. Il a ainsi indiqué que l'entreprisse qu'il dirige va investir une cinquantaine de milliards de dollars sur les cinq prochaines années, soit une moyenne de 10 milliards de dollars annuellement dans tous les domaines (exploration, exploitation, formation...). Pas assez pour donner plus de consistance à l'exploration, disent certains. Les chiffres exacts des investissements que Sonatrach envisage d'engager seront prêts d'ici à l'année 2018, a précisé Ould Kaddour. Avant la crise financière que vit le pays, la compagnie nationale avait mis au point un programme d'investissement de 100 milliards de dollars pour éviter un trou dans le domaine de l'exploration. Contrariée par la dégradation des perspectives des cours du brut, Sonatrach fait face à d'énormes défis dont le relèvement des exportations pétrolières et gazières ainsi que la résorption de la déplétion pétrolière enregistrée ces dernières années. Durant la dernière décennie, la production des hydrocarbures en Algérie est passée par un plateau avant de commencer à décliner. Beaucoup pensaient au fameux pic pétrolier. Après le plateau de 75 millions de tonnes en 2004, la production de pétrole (mélangé à du condensat) a chuté à 58 millions de tonnes en 2013, soit une dégringolade de 23% en 9 ans. Celle du gaz a reculé de 18% en 5 ans. Aujourd'hui, la production d'hydrocarbures se situe autour de 122 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP). Ould Kaddour a, en outre, précisé que ce plan de développement de l'investissement ne concerne pas uniquement Sonatrach en tant que société mère, mais également ses filiales. Le P-DG de Sonatrach évoque en fait une stratégie globale assortie d'un calendrier prévisionnel pour sa réalisation. Sonatrach et ses filiales s'y inscrivent. Mais cette stratégie inclusive est ouverte à toutes les entreprises nationales. Ainsi, a-t-il précisé, Sonatrach va soumettre son plan de développement à toutes les entreprises nationales, aussi bien publiques que privées. Elle va le faire d'ici à fin 2017 ou au début de l'année 2018. Et de souligner : "Cela va permettre de voir ce qu'elles peuvent faire et ce qui manque pour pouvoir le faire. Et à partir de là, nous pourrons définir tous nos besoins et tâcher de les acquérir pour pouvoir aller ensemble de l'avant." Le P-DG de Sonatrach a estimé qu'il y a, certes, des "insuffisances" à combler, mais que les entreprises nationales enregistrent "des progrès" dans la réalisation de projets gaziers et pétroliers. "Voir des entreprises nationales réaliser ce genre d'installations très complexes et dans des conditions climatiques et naturelles très difficiles est quelque chose de formidable", a-t-il dit. On doit, a-t-il ajouté, les "encourager" et les "accompagner" pour les aider à mieux se développer, en dépit des retards enregistrés dans la livraison de ces installations. Ce que ne dit cependant pas Ould Kadour, c'est que le pays a mis du temps pour réagir et qu'il n'a pas toujours soutenu l'implication des entreprises nationales, notamment privées, dans le secteur pétrolier. Youcef Salami