Cette situation dure depuis plusieurs mois sans qu'aucune mesure soit prise. Les réformes entreprises par le ministère de la Poste et des Technologies de l'information et des télécommunications quant à l'amélioration du service public ne sont apparemment qu'un travestissement d'une anarchie profonde et d'une réalité amère dont souffrent quotidiennement les clients d'Algérie Poste à Tamanrasset. Une virée dans les différents bureaux de poste du chef-lieu de la wilaya suffit pour se rendre compte des difficultés rencontrées par les usagers, contraints de faire de longues queues ou encore de s'agglutiner dès l'aurore devant les centres de paiement pour retirer leur argent. Le pire c'est que la même scène se reproduit chaque jour que Dieu fait en l'absence d'un minimum d'égards et de considération de la part des responsables de ce secteur du fait qu'ils continuent de cultiver l'indifférence face à cette situation "chronique". À la recette principale ou dans les bureaux de poste situés dans les quartiers d'Assoro, d'Inkouf, de Guetaâ El-Oued, les usagers arrivent à peine à contenir leur mécontentement face à la désorganisation qui y règne. Les files d'attente sont tellement longues que l'on se pose des questions sur la nature des arguments avancés par les receveurs pour détendre une atmosphère extrêmement délétère, particulièrement à l'adresse des fonctionnaires, sommés d'avancer mille et une justifications pour obtenir l'autorisation de leurs responsables hiérarchiques pour aller retirer leur rétribution. Sauf qu'après une longue et lassante attente, ils reviennent bredouilles. Pourtant, presque tous les centres de paiement sont dotés de distributeurs automatiques de billets (DAB) en mesure d'abréger le calvaire. Mais ceux-ci sont généralement hors service et ne servent que de simple décor pour les façades des centres de paiement. Interrogés, certains usagers sont unanimes à dénoncer cette situation qui les oblige à passer la majeure partie de leur temps devant les bureaux de poste. "On ne sait plus où donner de la tête pour remédier à cet écueil qui ne fait que perdurer", se plaint Salah Benhaoued, qui dit avoir fait le tour de quatre bureaux dans l'espoir de trouver moins de monde et de percevoir sa rémunération sans jouer des coudes et loin de l'assourdissant brouhaha provenant des queues. Notre interlocuteur impute la cause de ce problème à "l'inefficacité du mode organisationnel et à la médiocrité des services offerts dans ces centres presque paralysés par le manque d'effectif. Le malheur c'est que cette situation ne date pas d'aujourd'hui, mais elle dure depuis plusieurs mois sans qu'aucune mesure ne soit prise pour soulager les usagers de ce casse- tête." Même constat à la grande poste du centre-ville, censée être pourtant une vitrine de la capitale de l'Ahaggar. "Céans, on ne respecte pas les gens", fulmine un septuagénaire qui n'a trouvé aucune oreille attentive à ses doléances devant une grappe humaine préoccupée surtout par le respect de l'ordre de passage devant les deux guichets quasiment inondés. "À quoi sert donc ce distributeur", lance-t-il en direction des guichetiers qui dodelinent de leur tête comme pour lui signifier qu'ils sont du même avis. À ce propos, un employé de la poste nous signale que les pannes des DAB sont liées au manque criant de techniciens en maintenance dans cette wilaya du grand Sud et à l'absence de pièces de rechange. Pour ce qui est du manque d'effectifs, le directeur local d'Algérie Poste assure, dans une déclaration à la presse, que le problème sera prochainement pris en charge. RABAH KARECHE