Que faut-t-il franchement dire, après cet énième ratage de l'USMA en Ligue des champions d'Afrique face au Ahly du Caire ? Faut-il se rabattre sur cette consolation qui consiste à insister sur le fait que les Usmistes se sont battus héroïquement en terre égyptienne, avant d'arracher un nul méritoire, sortant de l'épreuve la tête haute comme si la défaite pouvait avoir des relents de satisfaction ? Ou bien verser son venin sur un arbitrage soudoyant et scandaleux, coupable d'avoir validé un but entaché d'une position d'hors jeu flagrant que même la presse égyptienne, parue hier, n'a pas eu le culot d'ignorer ? Ou bien encore se rendre à l'évidence que, eu égard à la prestation de l'USMA vendredi et surtout aux moyens dont elle dispose, le beau gâchis est encore là, frustrant, difficile à digérer et surtout lamentable pour une formation qui peut honnêtement aspirer à mieux. À vrai dire, le sentiment aujourd'hui après cette élimination est largement partagé entre cette fierté d'avoir tenu la dragée haute à l'ogre ahlioui, quoique pas si dévastateur que ça, et ce goût d'inachevé, plutôt amère. Ce genre de sentiments de culpabilité que vous ressentez, après coup, quand vous savez que l'échec est avant tout l'œuvre de vos erreurs, et là nous sommes plutôt cléments avec les Usmistes. C'est vrai, il n'y a aucun doute, les coéquipiers du vaillant Eneramo ont livré une bataille exemplaire. Ils ont surtout prouvé qu'ils sont loin d'êtres des cancres, juste bons pour le tourisme africain, au moment ou d'autres soignent leurs palmarès. Mais, paradoxalement, n'est-ce pas là justement la source de la plus grande frustration chez les Usmistes, qui sont désormais fixés ? Leur équipe favorite a certainement dilapidé une qualification, encore une autre, largement à portée de main. Les Algériens ont fait sans doute le match qu'il fallait au stade de l'Académie militaire du Caire. Ils ont mieux joué, surtout tactiquement, que les locaux, gênés par le dispositif très intelligent mis en place par l'ambitieux coach Djamel Menad. Les Algérois ont certainement gâché la fête aux Caïrotes, qui rêvaient d'une qualification avec faste. D'ailleurs, pour l'anecdote, toujours dans la presse caïrote, sachez que l'entraîneur du Ahly, le Portugais José Manuel, a tout simplement annulé la prime de qualification pour les joueurs, car il estime que la victoire lors de ce tour n'a pas été convaincante, notamment lors du match retour. Oui, l'arbitre a donné un bon coup de pouce aux Egyptiens, mais il serait finalement injuste de croire que l'USMA a été volée. L'USMA a perdu sa qualification, ici en Algérie, lors du match aller et bien avant, car elle n'arrive tout simplement pas encore à se forger un mental de ténors. Une grande équipe, ce sont certes de grands joueurs, mais c'est surtout une grande organisation à tous les niveaux et des moyens adéquats. Et là, sans entrer dans les détails, il faut avouer que c'est à ce niveau là que le bât blesse. S. B.