Au lendemain de l'annonce par Madrid de la mise en œuvre l'article 155 de la Constitution mettant sous tutelle la Catalogne et destituant des responsables ciblés dont le président Carles Puigdemont, des centaines de milliers de Catalans ont commencé à envahir, hier, les rues de Barcelone, pour réaffirmer leur attachement à l'Espagne. Ils étaient des milliers à converger vers les points de rendez-vous prévus pour la grande manifestation pour l'unité de l'Espagne à Barcelone. Ils étaient environ 300 000 personnes à ce rassemblement, selon la police municipale, alors que les organisateurs avançaient le chiffre de 1,1 million. "La Catalogne, c'est nous tous !", disait le slogan de la manifestation organisée par la Société civile catalane (unioniste), qui avait réussi à rassembler plusieurs centaines de milliers de personnes contre la sécession, le 8 octobre dernier. Les organisateurs avaient affirmé avoir réuni 900 000 manifestants, alors que la police catalane avait fait état de 350 000 personnes seulement. Il s'agit d'une coalition de sympathisants de droite, de gauche, voire même d'indépendantistes, qui prônent un modèle fédéral catalan au sein de l'Espagne et de l'Europe. Elle a appelé à "défendre l'unité de l'Espagne et à rejeter l'attaque sans précédent pour l'histoire de la démocratie que représente la déclaration d'indépendance". Cette mobilisation est aussi soutenue par les trois formations politiques qui prônent le maintien de la région au sein de l'Espagne. Il s'agit du Parti socialiste catalan, du parti de centre droit et Ciudadanos. Juste avant le début de cette manifestation, le vice-président du gouvernement catalan destitué par Madrid, Oriol Junqueras, affirmait dans une tribune, publiée hier, que le chef de file des indépendantistes catalans, Carles Puigdemont, "est et restera le président" de la Catalogne et Carme Forcadell "est et restera la présidente du Parlement, et ce, au moins jusqu'au jour où les citoyens décideront du contraire lors d'élections libres", a-t-il écrit dans le quotidien El Punt-Avui, dénonçant un "coup d'Etat contre la Catalogne". "Nous ne pouvons reconnaître (...) aucune des mesures antidémocratiques que le Parti populaire (le parti de Mariano Rajoy) met en place depuis Madrid", a ajouté Oriol Junqueras. Il a surtout souligné ne pas reconnaître les décisions prises par Madrid, mettant sous tutelle la région, laissant clairement entendre qu'il restait dans une logique de désobéissance. Il emboîte ainsi le pas à Carles Puigdemont, lequel avait appelé la veille dans une allocution télévisée les siens à s'opposer pacifiquement à la mise sous tutelle de l'Etat. Par ailleurs, le secrétaire d'Etat belge à l'Asile et à la Migration, Theo Francken, membre du parti indépendantiste flamand de la Nouvelle alliance flamande (N-VA), a laissé entendre que la Belgique pourrait offrir l'asile au dirigeant séparatiste catalan, Carles Puigdemont.